Franck, Ahmed, Clarissa
(B2) Derrière les trois noms des policiers touchés lors des attentats de Charlie Hebdo et alentours, début janvier, il y a comme un dernier signe qu'envoient les auteurs de Charlie. Comme un espèce de nouveau signe du destin. Les trois policiers tués — Franck, Ahmed, Clarissa — représentent vraiment toute la diversité de la France, de la Normandie jusque aux Iles antillaises.
Au-delà des victimes, c'est un peu la société française qui est touchée. Il existe parmi les agresseurs, un fossé, une incompréhension qu'il faudra, rapidement, tenter de comprendre et résoudre. Comment des personnes apparemment intégrées, passent à des actes aussi remplis haineux, en passant au besoin par la case délinquance et prisons ? Comment des centaines de personnes vivant en France ne se reconnaissent plus dans ce qui fait la République ? Comment des messages de haine ou de mort sont proférés immédiatement après un article, voire une simple information sur Israël ou les pays arabes ?
La question n'est, ici, pas un problème de loi, de police, de renseignement, de répression. Il s'agit de voir si les discriminations ou le racisme au quotidien n'engendrent pas une réaction à moyen terme. Il s'agit de voir pourquoi notre système carcéral ne produit aucun effet mais au contraire creuse, renforce les convictions hostiles. Il s'agit de voir comment stopper un racisme rampant qui pose aujourd'hui un réel problème d'intégration. La réponse réelle à ce qui a pu conduire aux attentats va être autrement plus difficile qu'une question de renforcer certains moyens, techniques. Il y a une certaine société française à l'encéphalogramme plat qu'il va être urgent de réanimer.
(NGV)