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Attentat contre Charlie Hebdo. Des dirigeants européens choqués et solidaires (Maj)

CharlieHebdo(BRUXELLES2) Très rapidement après les premières nouvelles de l'attentat contre le journal Charlie Hebdo à Paris, les diverses autorités européennes ont réagi.

Une barbarie qui nous interpelle (Juncker)

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker s'est dit « profondément choqué par l'attaque brutale et inhumaine » qui a frappé les locaux de Charlie Hebdo. « C'est un acte intolérable, une barbarie qui nous interpelle tous en tant qu'êtres humains et Européens. » a-t-il ajouté. Précisant «  Mes pensées vont aux victimes et à leurs familles. J'exprime, à mon nom personnel et au nom de la Commission européenne, notre plus grande solidarité avec la France. »

Une lutte contre le terrorisme sans relâche (Tusk, Pologne)

Le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a tenu à souligner que « L'Union européenne se tient aux côtés de la France après cet acte effroyable. C'est une attaque brutale contre nos valeurs fondamentales, contre la liberté d'expression, pilier de notre démocratie. La lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes doit se poursuivre sans relâche. »

Des meurtres écoeurants (Cameron, Royaume-Uni)

Peu avant, le Premier ministre britannique, David Cameron avait exprimé son émotion « Les meurtres à Paris sont écoeurants. Nous sommes avec le peuple français dans la lutte contre le terrorisme et la défense de la liberté de la presse. »

Une attaque contre un élément essentiel de notre culture démocratique (Merkel, Allemagne)

A Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel a tenu à assurer « nos amis français » de toute la solidarité outre-Rhin contre cette « attaque ignoble ». « Cet acte odieux n'est pas seulement une attaque sur la vie des citoyens français et de la sécurité intérieure de la France. Il représente également une attaque contre la liberté d'expression et la liberté de la presse, un élément essentiel de notre culture démocratique libérale qui est complètement injustifiable. »

Le premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, s'est dit « consterné » suite aux évènements.

Une atteinte aux valeurs (Kopacz, Pologne)

La Première ministre polonaise Ewa Kopacz a « condamné les auteurs de l'assassinat à Paris, une atteinte à la liberté des médias et les valeurs de l'Europe » et se « join(dre) à la douleur et le chagrin des familles des victimes et de la société français ».

Préserver nos libertés (Rinkevics, Lettonie)

A Riga, le ministre des Affaires étrangères Edgars Rinkevics — que je viens de rencontrer à l'occasion de l'inauguration de la présidence lettone — a tenu à « condamner fortement » l'attaque terroriste. C'est « un autre rappel sur la nécessité de continuer des efforts coordonnés sur la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme et de défendre la liberté de la presse. » Et d'ajouter : « il y a une nécessité pour les ministres de la justice et de l'intérieur de l'Union européenne de travailler, de façon plus étroite, avec la Commission européenne », notamment sur les "combattants étrangers". Mais il a aussi tenu à avertir de la nécessité de ne pas aller trop loin dans l'aspect sécuritaire. Il « faut un équilibre entre les mesures nécessaires pour la sécurité et celles préservant les libertés ».

Ne pas réagir inconsciemment (Martin Schulz, Parlement européen)

Une position sensiblement identique pour le président du Parlement européen, Martin Schulz, « C'est un moment de grande tristesse mais nous ne devons pas réagir inconsciemment. Au-delà de nos opinions, de nos croyances, nous devons nous élever contre ces actes. J'appelle tous les citoyens à défendre ensemble nos valeurs. » Et d'ajouter : « Nous, Européens, ne céderons jamais sur les valeurs de liberté de la presse et d'expression, de tolérance et de respect mutuel que cette attaque a voulu remettre en cause ».

Un acte d'une gravité extrême (Aurescu, Roumanie)

Pour le ministre roumain des Affaires étrangères, Bogdan Aurescu, qui a réagi par un communiqué en français « cet acte d’une gravité extrême contre les représentants de la presse est une attaque contre l'essence même de la démocratie, les valeurs et les libertés fondamentales.  Nous condamnons dans les termes les plus catégoriques cet acte terroriste, qui représente une attaque d’une lâcheté révoltante contre la presse et contre le monde civilisé. »

Nous sommes solidaires de la France (Stoltenberg, OTAN)

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a parlé, lui aussi « d’un acte barbare et d’une attaque inadmissible contre la liberté de la presse ». Et d'ajouter : « Nous sommes totalement solidaires de la France, pays membre de l’Alliance. Tous les Alliés sont solidaires dans la lutte contre le terrorisme. Le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, ne pourra jamais être toléré ni justifié. »

"We are all french" (Muscat, Malte - Renzi, Italie)

Paraphrasant la phrase entendue en 2001, "nous sommes tous américains", le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, a déclaré : « Today we are all French ». Une phrase toute simple qui résume très bien toutes les autres réactions européennes. Phrase qu'a prononcé également Matteo Renzi. « Nous sommes tous Français » a déclaré le président du Conseil des ministres italien dans un message à l'ambassade de France à Rome. « Horreur et consternation au massacre de Paris, total soutien à François Hollande et Anne Hidalgo dans ce moment terrible. La violence perdra toujours contre la liberté et la démocratie » a-t-il ajouté.

Des martyrs de la liberté

Mais c'est assurément d'outre-Atlantique qu'est venu le message le plus fort. Il n'y a pas "photo". L'Américain John Kerry a su trouver les mots les plus justes, calibrer l'émotion et le niveau politique, dans un message vidéo. Et en français Svp. Ce que peu d'Européens sont capables de faire aujourd'hui !

« Je m'adresserai directement aux Parisiens et aux Français. Tous les Américains se tiennent à leurs côtés et de votre détermination à protéger de cette valeur qui fait très peur à l'extrémisme : la liberté. Aucun pays ne sait mieux que la France que la liberté a un prix, parce que la France a donné naissance à la démocratie elle-même. La liberté d'expression et une presse libre sont des valeurs fondamentales, ce sont des valeurs universelles; principes qui peuvent être attaqués mais jamais éradiquées, parce que les gens braves et honnêtes dans le monde ne seront jamais céder à l'intimidation et la terreur que ceux qui cherchent à détruire ces valeurs emploient.. Les assassins ont proclamé que Charlie Hebdo est mort. Ils ont tort. » Que dire de plus...

(NGV)

NB : même si aucune réunion de crise n'est encore annoncée au niveau européen, il semble certain que l'attentat de Paris va changer la donne dans les priorités des prochains mois. Sans parler de la mise en oeuvre de la clause de solidarité (innovation du Traité de Lisbonne), une réunion extraordinaire des ministres des Affaires intérieures devrait pouvoir être organisée, disions-nous lors de la première publication de l'article. Ce point a déjà été mis à l'ordre du jour de la prochaine réunion du Conseil des Affaires étrangères de l'UE (lire : La lutte contre le terrorisme à l’ordre du jour du prochain Conseil).

 

(Mis à jour - réactualisé à plusieurs reprises durant la journée du 7 janvier au fur et à mesure des réactions).

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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