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Une Europe (= Allemagne) plus audacieuse plaide François Hollande

Le clin d'oeil de Charline Vanhoenacker lors de la venue de Fr. Hollande à France inter
Le clin d'oeil de Charline Vanhoenacker lors de la venue de Fr. Hollande à France inter

(BRUXELLES2) Effectuant sa rentrée politique sur France-Inter ce lundi matin (5 janvier), dans une séquence spéciale de la tranche info matinale de la radio publique, le président français a consacré de longues minutes à l'actualité européenne plaidant pour plus d'audace et de solidarité en Europe que ce soit au plan économique, de la Zone euro, de la politique aux frontières ou au niveau international...

Votez comme bon vous semble !

"Les Grecs sont libres de choisir leur destin"

Le président français a voulu d'abord prendre à rebours les points de vue exprimés par plusieurs responsables européens à Bruxelles (la Commission européenne, avant Noël) ou à Berlin (selon les "révélations" du Spiegel citant des "sources" proches de la Chancellerie) voulant influencer le choix des Grecs lors des élections à venir, notamment pour éviter la venue de Syriza au pouvoir. « Les Grecs sont libres de décider souverainement de leurs gouvernants. (Ses) citoyens doivent se prononcer comme ils l’entendent ».

... Mais ils doivent respecter leurs engagements

Une limite cependant existe dans ce choix. Le nouveau gouvernement issu des urnes devrait « respecter les engagements pris par leurs pays » (Nb en matière de dette notamment) tout « comme les responsables européens » devront assumer leurs engagements « quel que soit leur gouvernement ». Et d'ajouter : « Je me suis bien fait comprendre. Les Grecs sont libres de choisir leur destin. Mais en même temps il y a des engagements qui ont été pris, des obligations qui ont été posées. Tout cela devra être forcément respecté ».

La Grèce dans la Zone Euro

Sur l'appartenance de la Grèce à la zone euro, « c'est à la Grèce seule d'en décider ». « Il n'y a pas aujourd'hui à émettre je ne sais quelle considération qui voudrait selon le vote des Grecs ils ne seraient plus ou seraient dans la Zone Euro ».

La zone Euro : ce n'est pas l'austérité

« Les pays comme l'Espagne et la Grèce ont payé un très lourd tribut pour que la zone Euro soit préservée et que leurs pays puissent y demeurer. (...) L'Europe ne peut plus être identifiée à de l'austérité d'autant que la Zone euro a été stabilisée, que l'Union bancaire a été créée et installée et que nous avons des taux d'intérêts particulièrement bas. D'où la priorité donnée par la France à la croissance » Et de rappeler que « Si nous voulons que ces forces (NB : Syriza en Grèce, Podemos en Espagne) soient utiles, il faut leur parler. Et de rappeler : « la Zone euro, ce sont des règles, des disciplines qu'il faut respecter ... avec la flexibilité. »

Un couple franco-allemand qui se soude... grâce à la crise ukrainienne

Que voulons-nous faire de l'Europe ?

Au-delà de cette discussion sur la zone Euro, ou sur les questions économiques « il y a un enjeu qui nous dépasse tous : savoir que voulons-nous faire de l'Europe ?  » François Hollande donne sa définition : « L'Europe, cela doit être notre protection, à condition que nous puissions lui donner la force qui est attendue d'elle à la fois pour être présente sur la scène internationale, davantage qu'elle n'est, et pour porter une politique de croissance. »

Davantage d'audace

« Nous devons faire que l’Europe puisse prendre davantage de risques, soit plus audacieuse » a plaidé François Hollande, dans une phrase où on sentait bien que le mot "Europe" pouvait aussi être remplacée par le mot "Allemagne". Celui-ci voit trois terrains pour cette "audace" renouvelée : « comme médiatrice dans un conflit, comme en Ukraine ; sur le plan international — il y a suffisamment de sujets — et pour la Zone Euro. Il ne faut pas faire simplement que des disciplines s’ajoutent à des disciplines mais avoir un espace économique commun avec des harmonisations fiscales, sociales » a-t-il souligné, prenant en exemple la mise en place d'un Salaire minimum outre-rhin comme une bonne nouvelle.

Un couple franco-allemand "franc" et "sincère"

« J'ai des relations depuis 2 ans 1/2 avec Me Merkel de la sincérité, de la franchise et du travail commun. Nous nous disons les choses (...). Nous avons le même enjeu et le même intérêt : faire que l'Europe puisse être plus forte, plus solidaire dans ses choix, plus active dans ses politiques de croissance ». Ce que Angela « attend, c'est que la France puisse être plus compétitive. Ce que nous attendons de l'Allemagne, c'est qu'(elle) puisse être davantage dans la relance de la croissance »

Une rencontre dimanche prochain

« Je vais rencontrer Angela Merkel encore dimanche (11 janvier) à l'initiative à l'initiative du président du parlement européen Martin Schulz qui est allemand mais aussi francophone et francophile. Et nous allons parler de l'avenir de l'Europe, de la relation franco-allemande ». Et d'ajouter, en guise de confidence : Avec Angela, « on s'est beaucoup rapproché depuis la crise ukrainienne ».

L'Europe doit avoir une politique d'asile...

Face aux derniers évènements de cargos "trafic" chargés d'immigrés venant vers l'Italie, François Hollande souligne les trois tâches de l'Europe.

1° « L'Europe doit surveiller ses frontières extérieures — c'est le système Frontex — et mettre davantage de moyens ».

« L'Europe doit faire face et organiser une politique d'asile par rapport aux Syriens, répondre rapidement aux demandes d'asile, les accepter lorsqu'elles sont légitimes, les refuser lorsqu'elles ne sont pas. » Rappelant, au passage, une vérité : « qui fait le plus d'efforts pour les Syriens ? Ce n'est pas France, c'est l'Allemagne et la Suède. C'est la même chose pour les Irakiens. »

... et résoudre les crises

Enfin, « l'Europe doit régler les crises. Si on ne crée pas de situation permettant qu'en Syrie, en Irak, en Libye, il y ait un ordre public et une transition politique, nous aurons toujours des populations qui voudront venir en Europe. (...) Ces populations, on ne peut pas les laisser dans cette situation. Et, en même temps, ces populations doivent vivre là où elles ont eu toujours leur vie et leur destin ».

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi sur le Club : les positions géopolitiques de Fr. Hollande Ukraine et Russie, Syrie, Iran et Libye

Pour réécouter l'intervention de François Hollande sur France-Inter, c'est ici. Pour écouter la séquence (humour) de Charline V., c'est

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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