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Au siège de EUAM Ukraine, dans le casino… en attendant mieux

© NGV / B2
Dans le QG de la mission EUAM Ukraine © NGV / B2

(BRUXELLES2 à Kiev) L'équipe de la mission européenne de conseil (EUAM Ukraine) est, pour l'instant, logée ... à l'hôtel dans le centre de Kiev, non loin de la mission d'observation de l'OSCE.

Faites vos jeux !

Un lieu provisoire en attendant de trouver un siège pour la mission. Mais un emplacement étonnant ! La mission a, effectivement, établi son QG... dans ce qui était parfois un casino. Les ordinateurs ont remplacé les roulettes. La fontaine à eau et la machine à café le bar à whisky ou alcool. Les croupiers ont laissé la place aux "watchkeepers" (les veilleurs).

A chaque groupe de tables, sa spécialité

A droite, en entrant, les "experts" et advisers (conseillers), à l'arrière dans un coin de la salle les responsables de la sécurité. Ils sont 5-6, chargés de veiller à ce que rien ne vienne troubler la sérénité de la mission. Sur la gauche, les watchkeepers et les équipes d'outreach, qui vont se dispatcher, de « façon régulière » - comme l'a expliqué le chef de mission, Kalman Mizsei, dans toute l'Ukraine. Ils sont, pour l'instant, également une petite demi-douzaine. Plus loin, l'équipe de support et de logistique de la mission. Dans un bureau, dont la porte reste ouverte en permanence, le chef de cabinet et l'équipe de direction. Au final, cela ressemble à un centre d'opération classique ou un desk de rédaction, moquette épaisse au goût un peu criard et lustres mis à part.

Des effectifs logés en ville

Les effectifs d'EUAM ont logé, dans un premier temps, sur place, à l'hôtel. « Une vie collective, très intense. Nous travaillions quasiment 7 jours sur 7 » raconte un de ses membres présents quasiment depuis le début. Cette disposition « a facilité la tâche » au départ. Mais cela signifiait de vivre en permanence l'un avec l'autre. « Ce qui, à la longue, peut user ». Désormais, chacun a pris ses quartiers dans des appartements en ville. Et plus personne ne loge à demeure à l'hôtel.

En formation "sécurité" à EUMM Georgia
En formation "sécurité" à EUMM Georgia

Une formation à la sécurité

Avant de prendre pied en Ukraine, chacun des membres de la mission a subi une courte formation à la sécurité, et aux règles élémentaires. Une formation dispensée au sein d'une autre mission européenne à Tbilissi au sein d'EUMM Georgia. L'avantage de ce lieu est qu'il est assez proche en termes à la fois de climat météorologique, d'ambiance et proximité avec le monde russe.

Trouve le siège pas si évident

Ce qui pourrait apparaitre facile — trouver un bâtiment pour établir, de façon plus définitive, la mission — ne l'est pas tout à fait en réalité. Il faut tout d'abord l'accord SOMA avec les Ukrainiens soit signé (ce qui est déjà le cas) mais aussi ratifié par la Rada (le parlement ukrainien) pour donner à la mission européenne sa capacité à agir. Il faut ensuite trouver le propriétaire idoine, qui soit en règle avec la loi et pas crapuleux. Ce qui ne semble pas automatiquement facile à facile. La mission avait trouvé plusieurs locaux pouvant servir de QG. Dans un cas, il y avait deux propriétaires en fait ; et le second n'était pas joignable. Dans l'autre, le propriétaire était plutôt louche. Un ou deux bâtiments ont été récemment sélectionnés, qui pourraient convenir, à proximité de la place Maïdan et de la place de l'Europe. La négociation est en cours. Et l'acte pourrait ainsi être signé (dès que le SOMA sera en vigueur)

Des règles financières toujours aussi rigides

Ordinateurs et imprimantes bloqués en douane, difficulté à passer des appels d’offres, rigidité des règles financières et de marchés publics européennes ne serait-ce que pour acheter quelques matériels de base (comme une imprimante ou des drapeaux), le système financier européen n'apparait pas vraiment très efficient ni adapté aux réalités d'une mission européenne de la PSDC qui doit rapidement produire ses effets et pouvoir disposer de moyens en partant de zéro. « Et encore - remarque un membre de la mission - nous ne sommes pas sur un terrain opérationnel ».

Commentaire : Ce fait ne sera pas une nouveauté pour ceux qui pratiquent régulièrement les missions européennes. Chaque responsable de mission civile ou opération militaire se plaint de ces dispositions, rigides, inadaptées, parfois ultra-bureaucratiques pour des sommes parfois peu importantes. On peut se demander quelle crédibilité ont les Européens à venir prôner moins de bureaucratie dans certains pays là où leurs propres règles sont contraires au principe d'efficacité.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire la suite du reportage :

Les gardes frontières ukrainiens… sur la ligne de front

Les combats à l’est de l’Ukraine. Une réalité moins simple que l’apparence

Objectif : rétablir la confiance, sortir de l’ère soviétique (EUAM Ukraine)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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