L’audition de Federica Mogherini. La victoire de la squadra Azurra
(BRUXELLES2) L'audition de la future Vice-présidente de la Commission européenne (et Haute représentante) pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité) Federica Mogherini, lundi dernier (6 octobre) a sans doute été une des meilleurs moments et une des meilleures auditions (avec celle de Timmermans) auxquelles on ait pu assister ces derniers jours. Cela n'est pas dû au hasard...
Une assistance conquise par une préparation soignée
L'Italienne arrive dans l'hémicycle du bâtiment Jan 4Q2 à Bruxelles avec 15 bonnes minutes d'avance. De quoi prendre ses marques et surtout d'aller saluer certains eurodéputés influents, en prenant un soin particulier avec ceux qui ne sont pas de son camp politique. Le Français de l'UMP, Arnaud Danjean (PPE) ou la Belge libérale, Annemie Neyts-Uyttebroeck (ALDE) ont ainsi eu droit ainsi à de chaleureuses accolades. Des retrouvailles. Car la future Vice présidente de la Commission avait pris soin de rencontrer, chacun, dans les jours précédents. Les plus chanceux ayant eu droit à un tête à tête. Dans les travées, on pouvait apercevoir, une bonne partie de la direction du service diplomatique européen, curieux de découvrir la prestation de sa nouvelle patronne, les diplomates de toute nationalité. Une bonne partie de la représentation italienne à Bruxelles avait fait le déplacement, avec en maitre d'oeuvre le représentant permanent Stefano Sannino, savourant par avance le résultat. De fait, les eurodéputés se sont fédérés derrière Federica Mogherini semblant, enfin, retrouver ce qui leur avait manqué jusqu'alors, une "vraie" chef pour la diplomatie européenne.
Le besoin d'un guide spirituel (Elmar Brok)
Le président de séance, l'allemand Elmar Brok avait d'ailleurs soigneusement planté le décor. « Dans ces domaines où il y a encore l’unanimité (qui est requise), nous avons besoin d’un guide spirituel, pour garder à l’Europe, dans ce monde compliqué, un rôle de défenseur de la paix dans notre voisinage ». Il en a profité pour redire toute la volonté du Parlement européen d’être plus impliqué. « La politique étrangère relève de la responsabilité de l’Exécutif, nous n’en disconvenons pas. Mais il existe un rôle du Parlement. Ce rôle n’est pas négligeable. Et il existe la nécessité de consulter le Parlement européen. Il serait bon de travailler donc main dans la main. »
Des eurodéputés conquis
Les eurodéputés semblaient un peu anesthésiés par l’accord de non agression entre les principaux groupes du Parlement européen, sur les auditions des autres commissaires. Et les questions n’ont été ni agressives ni imprévues, voire même au-dessous de ce qui était attendu. Aucune question sur la reconnaissance de l’Etat palestinien par la Suède par exemple. Mais il y a un fait incontestable. Mogherini a surpris par sa connaissance de ses dossiers. Elle les avait non seulement potassé mais les maitrisait. Son enthousiasme à assurer cette fonction, sa volonté affirmée, son véritable engagement européen ont fait le reste.
Bien meilleure qu'Ashton et bien meilleure que prévue
Tous les eurodéputés et observateurs - avec qui B2 a pu discuter —, même les plus réticents au départ, en ont convenus. Un sentiment résumé par un confrère italien réputé, au départ plutôt sceptique. « Elle m'a surpris. Elle est non seulement bien meilleure d'Ashton. Ce n'était pas difficile. Mais bien au-delà des attentes, je dois l'admettre... ». Au final, cette audition est certainement celle où il y a eu le plus de contenu (avec celle de Frans Timmermans), où la future commissaire n'a pas seulement été là pour défendre sa personne ou flatter les députés, mais aussi pour montrer la voix, indiquer d'ores-et-déjà, certains choix, certaines orientations et prendre certains engagements. Attention maintenant à ne pas décevoir...
(Nicolas Gros-Verheyde)
Cet article est extrait d'un dossier complet - avec compte rendu détaillé de l'audition (30.000 signes) - ses orientations principales, sa politique, sa méthode de travail, la priorité "sécurité et défense", les questions géopolitiques — paru sur le club