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Les Géorgiens viendront-ils à Bangui ? (Maj)

DrapeauGeorgie(BRUXELLES2 - exclusif) La compagnie géorgienne viendra-t-elle bien à Bangui ? La question peut se poser. Effectivement, la Géorgie avait mis une condition à l'envoi d'une compagnie pour l'opération européenne de stabilisation en Centrafrique (EUFOR RCA). Que les Etats membres européens assurent le transport des troupes, le gîte et le couvert. Une demande qui n'est pas anormale puisque ce sont les Européens qui ont sollicité l'aide de la Géorgie pour mener à bien cette opération que eux-mêmes sont, incapables d'assumer.

La solution est cependant simple : il faut qu'un ou plusieurs Etats se décident à sortir le carnet de chèques et contribuer un peu à l'accueil des Géorgiens. Ce ne serait pas illogique que les Etats qui contribuent assez peu à cette force fassent ce geste. Mais, il semble bien que les Européens rechignent à sortir leur porte-monnaie. Et tous les arguments sont bons... Du côté du mécanisme Athena, qui doit prendre en charge les coûts communs, on rétorque que ce mécanisme n'est pas fait pour prendre en charge les forces sur place ; ceci ne peut être pris en charge par les coûts communs.

La France, qui assume le rôle de nation-cadre, et a déjà complété les "trous" existants, estime qu'elle a déjà fait beaucoup. Les autres Etats membres se taisent, argument de campagne électorale pour les uns, de difficulté budgétaire pour les autres, de crise à l'est pour les troisièmes. La Grèce accueille le QG. L'Allemagne a déjà sorti son carnet de chèques à travers le transport stratégique Salis. Les pays baltes ont contribué de façon notable. L'Espagne et l'Italie - au départ réticentes à l'envoi de militaires - ont annoncé finalement une contribution. etc. Bref, une fois de plus c'est la politique de l'autruche. Et toutes les bonnes raisons de sortie. Il y a cependant urgence. Les Géorgiens devaient arriver d'ici la mi-juin sur place. Et leur arrivée conditionne en quelque sorte grandement la pleine capacité opérationnelle de la mission. Si les Européens persistent dans leur mauvaise foi collective, Tbilissi pourrait revenir à sa proposition initiale : n'envoyer qu'une section au lieu d'une compagnie ! A vot' bon coeur, m'sieurs dames ...

NB : à notre sens, quelques pays ne participent pas vraiment à la mission ; ils pourraient dès lors faire un geste : Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Irlande, République tchèque, Autriche, Croatie ...

PS : Du côté du Service diplomatique européen, on précise que le « déploiement du contingent géorgien est bel et bien prévu d'ici à la mi-juin, avec des soutiens suédois et britannique. Aucun manque de financement n'empêche que ce déploiement ne s'effectue dans les délais. »

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

Une réflexion sur “Les Géorgiens viendront-ils à Bangui ? (Maj)

  • Quel est le sens d’une éventuelle intervention de l’armée géorgienne en Centrafrique? Opération humanitaire ou une démarche de mercenaire? Si l’Europe paie l’intervention de Tbilissi, on est bel et bien dans le deuxième cas de figure. Pas très glorieux donc.

    Petite remarque concernant la liste des pays devraient “faire un geste”.

    L’opération sur Bangui ne rentre pas dans le cadre de la politique générale de l’Union européenne mais dans celui d’une action post-coloniale menée par l’ancienne puissance de tutelle qu’est la France.
    Donc je ne vois pas pourquoi des pays comme l’Irlande ou le Luxembourg qui n’ont jamais eu d’empire colonial devraient s’y associer. Est-ce que Paris leur a demandé leur feu vert avant d’intervenir? Ceux comme le Royaume-Uni ou la Belgique qui ont eu un empire colonial s’occupent avant tout de leur prés-carré. Quand Londres est intervenue en Sierra Leone pour mettre fin aux abus d’une guerre civile, la France n’est pas intervenue dans cette affaire, ni au niveau militaire ni au niveau financier.

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