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Qui participera à l’opération EUFOR Bangui ? (Suite) Des pays volontaires. On attend le commandant!

De la désignation rapide du commandant d'opération dépend la suite de l'opération européenne (crédit : Etat-Major français des armées / ECPA - Briefing avant une patrouille à pied entre le 17ème RGP et la Misca Bouroundaise dans le quartier Petevo de Bangui, le 15 janvier 2014).
De la désignation rapide du commandant d'opération dépend la suite de l'opération européenne (crédit : Etat-Major français des armées / ECPA - Briefing avant une patrouille à pied entre le 17ème RGP et la Misca Bouroundaise dans le quartier Petevo de Bangui, le 15 janvier 2014).

(BRUXELLES2 - exclusif) Selon une dernière évaluation faite par B2, après la réunion des ministres, on peut décompter (raisonnablement) une quinzaine de pays qui participeront, plus ou moins directement, à la nouvelle opération militaire EUFOR RCA Bangui.

Une quinzaine de pays participants ?

Trois pays ont confirmé, de façon officielle (ou quasi-officielle), leur participation : France, Grèce (QG), Estonie.

Une dizaine d'autres ont indiqué, directement (ou indirectement), comme a pu se le faire confirmer B2, la volonté de contribuer à l'opération : Lettonie, Lituanie, Portugal (logistique), Finlande, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Suède et Allemagne (logistique et QG).

Deux pays n'ont rien indiqué sans exclure une participation : Belgique, République Tchèque.

Quelques pays ont indiqué leur volonté de ne pas participer : Bulgarie, Croatie, Irlande, Pays-Bas, Royaume-Uni, Slovénie.

Le détail c'est ici : Qui participera à la mission EUFOR RCA Bangui ? Le point (MAJ6)

Faire aussi bien que l'Estonie : un défi ?

Le problème est qu'il y a bien peu de propositions concrètes. Peu de pays ont encore indiqué de façon précise combien de personnes exactement, ils pouvaient envoyer et pour quoi faire. Et il reste deux-trois grosses inconnues : les Polonais, les Tchèques, les Belges en particulier. Si ces pays se décident et envoient un contingent qui serait, au moins de la taille des Estoniens, la génération de forces pourrait être faite assez rapidement. Si ceux-là ne se décident pas, il faudra trouver d'autres contributions majeures, ce qui pourrait retarder d'autant l'opération. Et ce serait un mauvais signal donné aux Centrafricains comme au reste du monde sur l'état des armées européennes.

On attend le commandant

En fait, c'est un peu l'histoire de la poule et de l'oeuf. Tout le monde attend d'en savoir un peu plus sur l'opération, d'avoir le détail. Mais pour cela il faut avoir  un commandant d'opération. Ce qui doit être décidé dans les heures (ou plutôt les jours qui viennent). Maintenant que l'OHQ grec a été désigné comme étant celui de l'opération, la France devra faire un choix : soit avoir le commandement de la force sur place (le FHQ), ce qui serait assez logique ; soit avoir le commandement de l'opération, ce qui ne serait pas vraiment logique ni habituel. En général, un même pays ne cumule pas les deux commandements. Avoir les deux - ainsi que certains responsables français semblent le vouloir - et comme l'avait indiqué François Hollande en décembre - serait non seulement contraire aux usages européens. Il serait aussi largement contreproductif et contraire à la politique suivie jusqu'ici, qui vise à européaniser l'opération et à responsabiliser l'ensemble des autres Etats à la problématique centrafricaine. Il faut donc que Paris se décide, et rapidement !

Une certaine unanimité

La politique de sensibilisation des autres partenaires a, en effet, porté ses fruits. Au dernier conseil des ministres des Affaires étrangères, l'ensemble des participants a, d'une part, salué le rôle majeur joué par la France, remerciant l'armée française (comme les armées africaines) pour leur intervention précoce et, d'autre part, reconnu la nécessité d'intervenir face à la gravité des faits sur le terrain et au risque de déstabilisation régionale. Le mot de Laurent Fabius, à sa sortie du Conseil des Affaires étrangères, exprimant sa satisfaction n'est donc pas superflu. Le spectre du génocide et d'une possible responsabilité collective a certainement plané sur la réunion. Une telle unanimité, il y a quelques mois, semblait encore peu possible. Elle témoigne d'une certaine prise de conscience des Européens à la fois des menaces qui planent sur la Rép. centrafricaine mais aussi de leurs responsabilités.

Une prise de conscience?

Quand on se rappelle toutes les tergiversations qui avaient marqué l'envoi au Mali de quelques centaines de militaires, pour effectuer une simple mission de formation — dans un contexte plus "clair" que la République centrafricaine (il y avait les "bons" - le gouvernement de Bamako - et les "méchants" - les rebelles), où la population n'était pas du tout hostile aux militaires européens et où le risque sécuritaire n'était pas nul mais sûrement moins intense qu'en RCA aujourd'hui —, on mesure tout le chemin parcouru par les Européens, dans leur ensemble, pour se dire que la défense de certaines "valeurs" européennes ne peut pas passer que par des mots et des bons sentiments mais doit se traduire en actes. A l'échelle de la réaction européenne dans les crises précédentes (sécuritaire comme civile, cf. la crise financière par exemple), cette évolution est plutôt rapide et doit être remarquée. Il reste maintenant à transformer l'essai et le faire rapidement. Car les massacres n'attendront pas...

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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