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Pour être informé sur le nucléaire iranien, n’hésitez pas. Call Washington DC !

crédit : spreadshirt.com
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(BRUXELLES2) La négociation sur le nucléaire iranien illustre encore le crucial décalage qu'il y a entre le traitement des médias en Europe et aux Etats-Unis. La Haute représentante de l'UE assurant le "lead" des négociations, on pourrait se dire que le média européen aura une longueur d'avance. Quelle erreur !

A Bruxelles, il faut souvent se contenter d'un communiqué avec quelques lignes, voire d'un tweet, informant que la négociation s'est bien passée. S'il est assez entreprenant, il pourra obtenir deux trois petites phrases d'explication, souvent sibyllines d'un diplomate européen très courtois. Mais c'est off ! hein. Et, s'il est très sage et fidèle, il sera convié - avec quelques autres happy fews - à un briefing au service diplomatique européen (SEAE), avec un spécialiste du sujet. En général, c'est Helga Schmid, la directrice politique du SEAE, qui officie. Une parfaite connaisseuse du dossier puisque c'est elle qui négocie. Aucun compte-rendu de cette réunion ne sera fait pour la grosse majorité des journalistes qui ne sont pas conviés. Et si vous n'êtes pas un tant soit peu conciliant avec la personne de Lady Ashton, pour ne pas dire "docile", vous serez privé de dessert... (autrement dit un entretien avec la Chef elle-même, rare et donc cher!).

Regardons ce qui se passe à Washington, le même processus (classique) se déroule : petites phrases, tweets, briefings... avec une différence fondamentale. Le briefing, fait de l'autre côté de l'Atlantique, est aussitôt retranscrit et disponible pour les journalistes (même ceux qui n'étaient pas conviés ou pas présents à Washington). Le dernier briefing, en date, sur le plan d'action des 5+1 a ainsi été rendu disponible dès 14 heures aujourd'hui. Il compte plus de 9000 mots ! (20 pages écrits serrées), avec nombre de détails, il faut le dire ! Et ce n'est pas en off !

Dans les relations UE-US, le gagnant du match de la communication est donc... Washington inévitablement ! Alors que c'est l'Union européenne qui fait une bonne partie du travail. Ce n'est pas juste sans doute. Mais c'est la loi de la visibilité.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) On dit E3+3 en Europe pour ne pas fâcher l'Allemagne qui n'est pas membre permanent du Conseil de Sécurité à la différence des "5" membres permanents du CSNU.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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