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Centrafrique : sécuriser, une urgence ressentie par tous

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(Crédit : Office européen de l'Aide humanitaire)

(BRUXELLES2) Tous les participants en conviennent, le problème centrafricain aujourd'hui est avant tout un « problème de sécurité ». Et tant que le pays ne sera pas sécurisé, il ne sera pas possible d'y mener d'autres actions de développement, d'humanitaire, etc.

Avoir plus de forces de maintien de la paix

La commissaire à l'Aide humanitaire, Kristalina Georgieva, le confiait, il y a quelques jours, à B2. « Il est crucial pour la population, pour l'aide humanitaire d'avoir de la sécurité. Il faut plus de forces de maintien de la paix, afin de permettre un plein accès des organisations humanitaires à toutes les villes et villages. » Tant que cette question (de la sécurité) ne sera pas réglée, l'action humanitaire sera difficile, estime-t-elle ajoutant : « Nous n'avons pas d'excuse, nous n'avons plus d'excuse aujourd'hui pour laisser derrière nous une population qui a été trop longtemps oubliée, d'abord par son propre gouvernement et aussi par la communauté internationale ».

Une crise de niveau 3 - le plus haut niveau

A l'ONU, on partage ce point de vue. « La République centrafricaine doit être placée en haut de la liste des priorités. Cela fait trop longtemps que ce pays languit au bas de cette liste pour nos bailleurs de fonds », a précisé le Directeur des opérations du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), John Ging. La crise en République centrafricaine est qualifiée de niveau 3 par la communauté humanitaire, le niveau le plus élevé. Seuls deux autres pays sont à ce niveau actuellement : la Syrie et les Philippines. Selon l'ONU, plus de 2,6 millions de personnes ont besoin d'une assistance humanitaire dans le pays, où plus de 880.000 personnes sont déplacées, dont plus de 510.000 dans la capitale Bangui. Mais le pire pourrait venir...

Tous les éléments possibles d'un génocide

« D'un point de vue humanitaire, c'est une énorme tragédie », confesse John Ging qui se dit ainsi « très préoccupé » par la possibilité que ce conflit se transforme en conflit inter-ethnique, inter-religieux. « La crise a tous les éléments que nous avons vus ailleurs dans des endroits comme le Rwanda et la Bosnie. Les éléments sont là pour un génocide. Il n'y a pas de doute », a-t-il ajouté. « Nous ne pouvons pas permettre que cela arrive dans ce cas-là. Cela confirme la nécessité d'une implication internationale à grande échelle au-delà de l'humanitaire. »

Commentaire : Il est rare d'ailleurs de voir la plupart des acteurs d'une crise — politiques, diplomates, humanitaires — partager le même constat. Ce quel que soit le positionnement géopolitique : du nord au sud, de l'ouest à l'est de l'échiquier mondial. Il n'est que de se rappeler les divisions sur l'intervention en Libye ou, encore, récemment sur la livraison d'armes ou l'intervention en Syrie. Ce qui donne aux Européens plus qu'une légitimité pour être présent sur place. Il ne faudra pas que le déploiement de l'opération militaire s'enlise dans des considérations procédurales. Apparemment tout le monde en est conscient. Et consigne a été donnée à chacun d'accélérer la cadence...

(Nicolas Gros-Verheyde)

A noter : les acteurs humanitaires se rencontrent autour de Valérie Amos (OCHA), Kristalina Georgieva (Commission européenne) et Pascal Canfin (ministre français du Développement) lundi matin. Objectif : définir un consensus entre humanitaires sur ce qu'il est nécessaire de faire sur place et mobiliser, encore, et encore.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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