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Afrique Australe Centrale

Un petit caillou… britannique pour la Centrafrique ?

PointInterrogationRouge(BRUXELLES2 - exclusif) Selon les informations recueillies par B2, la mise en place d'une opération EUFOR Bangui en République centrafricaine ne recueille pas un consensus aussi parfait que souhaité. Le contraire aurait été étonnant.

D'une part, la première réunion du Comité politique et de sécurité (COPS) n'a pas été aussi décisionnelle qu'annoncé. Le "feu vert" donné a été un feu vert de principe. « Il n'y a pas eu de discussion approfondie sur l'une ou l'autre des options. Nous avons simplement demandé aux services de poursuivre les travaux de préparation et de planification » précise un participant à la réunion. Ceci est la procédure prévue avec deux réunions du COPS.

La "véritable" discussion aura lieu, en fait, lors de la réunion des ambassadeurs, ce mercredi (15 janvier). Avec plusieurs interrogations : Quels seront exactement les objectifs et les contours de cette mission (sécuritaire ou humanitaire) ?  Quels seront les règles d'engagement ? Combien de temps va-t-elle durer ? Qui assurera le relais de cette "bridging" mission (mission pont) : l'Union africaine ou l'ONU, certains pays sont pour l'une (Allemagne), d'autres pour l'ONU (*) ? Sur quoi se prononceront les ministres ? L'idée de se prononcer d'ici lundi sur une décision - ancienne action commune - apparait comme un véritable... défi. Y aura-t-il même une décision au sens formel. « Nous sommes un peu coincés par le mandat du Conseil européen » précise un diplomate du sérail.

Une certaine incertitude demeure cependant au niveau européen un "petit" souci nommé : Royaume-Uni. Les Britanniques s'interrogent et veulent notamment consulter leur Parlement avant toute décision. Un diplomate de sa Majesté a d'ailleurs expressément douté de la possibilité que les 28 puissent prendre une quelconque décision sur une possible mission ou opération de la PSDC en Centrafrique, lundi prochain, et parlant davantage d'action humanitaire.

NB : Ceux qui suivent les questions de défense européenne ne seront pas vraiment surpris. Les Britanniques ont toujours été très sceptiques sur les opérations de la PSDC. Il n'est que de se rappeler le blocage de l'opération anti-piraterie à ses débuts (L’opération maritime en Somalie bloquée… par le Royaume-Uni) ou leurs réticences sur l'engagement en Somalie (L’inconnue britannique sur l’opération Eusec Somalia/Ouganda), deux opérations qui se sont révélées un succès - et même la success story de la PSDC de ces dernières années - sans oublier leur veto mis à un projet d'intervention au début de la guerre ex-Yougoslavie (Années 1990 : ex-Yougoslavie, les dix faux pas de l’Europe).

(*) A Paris, le ministre Laurent Fabius a rencontré, mardi, Hervé Ladsous, le chef des missions de maintien de la paix de l'ONU. Et à New-York, « le débat continue au sein du Conseil de sécurité » pour une nouvelle résolution a précisé le porte-parole du Quai d'Orsay. « Le secrétaire général des Nations-unies doit préciser les besoins et les perspectives pour la stabilisation en République centrafricaine »

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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