Réfugiés syriens. Le HCR condamne les dérapages et demande un moratoire des expulsions
(BRUXELLES2) L'établissement d'un mure de barbelés inquiète au plus haut point le Haut commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR). Celui-ci a exprimé très officiellement vendredi sa « profonde préoccupation » après avoir reçu des informations faisant état de certains pays de l'UE plaçant des barrières pour l'entrée ou mettant en œuvre des mesures de retour forcé pour des demandeurs d'asile, y compris des personnes ayant fui le conflit en Syrie. « Le HCR appelle tous les pays à travers le monde ainsi que l'Union européenne à se détourner de la protection des frontières au bénéfice de la protection des personnes », indique son porte-parole, Adrian Edwards. « Le HCR appelle les Etats à faire cesser immédiatement des pratiques ou des procédures visant à empêcher des demandeurs d'asile à accéder à des territoires. Les retours forcés et l'interdiction d'entrée peuvent placer les demandeurs d'asile face à de nouvelles menaces et les exposer à des traumatismes supplémentaires », a-t-il ajouté.
Réfugiés refoulés, emprisonnés...
C'est en Bulgarie où l'inquiétude de l'organisation internationale est la plus forte. Selon la presse, la Bulgarie a refoulé 100 migrants à la frontière durant le week-end et a déployé environ 1 200 policiers dans la région frontalière. Et il construit un mur de barbelés le long de la frontière. « Placer des barrières, comme des clôtures et d'autres méthodes dissuasives, pourrait pousser des personnes à mettre en œuvre des tentatives encore plus périlleuses pour traverser les frontières et des réfugiés aux mains et à la merci de passeurs », souligne Adrian Edwards.
Le HCR est également préoccupé par des informations similaires faisant état de demandeurs d'asile refoulés depuis la Grèce vers la Turquie. Il a demandé aux autorités grecques de mener une enquête concernant le sort de 150 réfugiés syriens, y compris de nombreuses familles avec des enfants, qui se seraient vus refuser l'entrée à Evros le 12 novembre. A Chypre, le HCR a reçu des informations de la part de Syriens arrivés clandestinement par bateau dans le nord du pays et qui ont été refoulés vers la Turquie après un bref passage en détention. Dans le sud du pays, les Syriens rencontrent de plus en plus de difficultés par rapport à la réception et à l'assistance.
NB : La Commission réfute. interrogée jeudi, par nos soins, la Commission européenne affirmait ne pas être au courant de telles pratiques d'expulsion ou de détention par les autorités bulgares. C'est dans ce pays que se concentre les plus grandes inquiétudes. Le gouvernement prépare une loi sur l'asile et les réfugiés particulièrement restrictive : obligation de fournir une caution avec un engagement de ne pas violer l'ordre public, obligation de se présenter régulièrement, toutes les deux semaines, devant les autorités, pas de changement de résidence sans autorisation, et mise en place de centres de rétention "fermés" pour les immigrés qui pourrait « menacer la sécurité nationale ». Toutes dispositions qui ne semblent pas vraiment en ligne avec la réglementation européenne et internationale, selon nous.
Un moratoire sur le retour forcé
Le HCR appelle à la « mise en œuvre d'un moratoire général afin qu'il n'y ait plus aucun retour forcé de Syriens vers des pays voisins de la Syrie ». Ceci représenterait un « geste concret de solidarité envers ces pays » qui hébergent actuellement plus de 2,2 millions de réfugiés. Les Etats de l'UE comprenant des frontières extérieures « ne peuvent pas être délaissés (et) porter toute la charge liée à cet afflux. Le partage de responsabilité dans l'UE doit se démontrer via une mobilité intra-UE et une ouverture plus grandes » souligne l'organisation.
Un peu plus de solidarité entre pays européens
Le HCR préconise ainsi « des mécanismes pour une distribution équitable au sein de l'UE des personnes reconnues en tant que réfugiés ou bénéficiaires d'une protection temporaire ». Il demande la création d'un « centre de transit pour les personnes évacuées » avec « des efforts pour la réinstallation (qui) pourraient être menés à la fois depuis des pays européens et des pays non-européens ». Enfin, il appelle à l'application de tous les critères fixés par le règlement « Dublin », notamment ceux « portant sur le regroupement familial ».
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