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Afrique Australe Centrale

Centrafrique. Une initiative européenne est-elle possible ? (Maj)

Les 420 militaires français de l'opération BOALI assurent le soutien logistique, administratif et technique du volet militaire de la Mission Internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) (Crédits: Ministère de la Défense )
Les 420 militaires français de l'opération BOALI assurent le soutien logistique, administratif et technique du volet militaire de la Mission Internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) (Crédits: Ministère de la Défense )

(BRUXELLES2, exclusif) Les préparatifs d'une mission militaire en république centrafricaine (RCA), pour soutenir la MISCA, s'accélèrent à tous niveaux. À Bruxelles comme à Paris ou à New York (où se réunira le conseil de sécurité lundi), une intervention militaire d'interposition s'impose face au dérapage de la situation. Le Conseil de sécurité se réunit lundi pour prendre une décision à partir du rapport de Ban Ki Moon (Les 5 options de Ban Ki Moon pour la Centrafrique)

Sentiment de l'urgence, coté européen ?

Coté européen, sans reprendre le terme de "pré-génocide", on souligne qu'il y a urgence. « Il convient maintenant d’agir sans délai pour éviter que la situation ne dégénère davantage. Les conditions sont en effet remplies pour que la situation échappe à tout contrôle et se transforme en guerre civile » précise ainsi un porte-parole de Catherine Ashton, la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères en réponse à une question de B2 (*).

Financement de la MISCA

L'Union européenne réitère sa volonté d'accompagner le déploiement de la MISCA, tout d'abord au plan financier et de la planification de la mission. « L’UE a déjà donné son accord de principe pour appuyer financièrement la MISCA. Nous travaillons étroitement avec l’Union africaine pour définir les besoins de financement de la MISCA et les modalités selon lesquelles une contribution de la Facilité de paix en Afrique pourrait s’insérer dans le budget de la mission ». Selon nos informations, la contribution européenne pourrait être de 50 millions d'euros (à ajouter à la contribution américaine et la contribution française en logistique).

L' option d'un battlegroup envisagé

Les structures de gestion de crise préparent d'autres initiatives européennes, pour soutenir le déploiement rapide de la force africaine. « L’UE étudie activement des options pour approfondir son action en soutien à la stabilisation et à la poursuite du processus politique en RCA, en étroite coordination avec les initiatives prises par d’autres partenaires » confirme le porte-parole. L'option du déploiement d'un battlegroup est envisagé « de façon prudente ».

A Londres de jouer

Dédié à ce type de fonction, ce groupement tactique sous commandement britannique, avec des éléments néerlandais et baltes, pourrait être déployé hors de Bangui, en complément de l'action française, et non sous sa direction. Encore faut-il que Londres et les principaux intéressés soient d'accord et que les "27" donnent ensuite leur feu vert. Ce sera un véritable test pour l'Europe de la défense.

Besoins logistiques

Plusieurs pays ont aussi été "sondés" par Paris, selon nos informations, afin de savoir quel soutien ils pourraient apporter. Un soutien surtout en matériel, éléments logistiques, avions de transport, ravitailleurs, radio-communications mais pas en hommes, selon des sources au ministère français de la Défense... L'objectif est d'éviter de rééditer la situation de l'opération Serval au Mali, où la France a paru quelque peu seule sur le terrain pendant quelques semaines. La puissance logistique de transport d'EATC à Eindhoven (qui réunit le Benelux et l'Allemagne) pourrait aussi être mis à contribution.

Soutien politique

Certains gouvernements sont conscients de la gravité des évènements. A Rome, ainsi, lors du sommet franco-italien, les dirigeants de la péninsule « encouragent (l’Union européenne) à renforcer son implication (en RCA) ». Si on retrouve la "summa division" européenne entre des regards tournés vers l'est d'un coté, vers le sud de l'autre, ce qui s'est passé au Mali a servi d'alerte. Et les capitales européennes pourraient apporter très vite leur soutien à la France si elle intervient en soutien de la force africaine ou de l'ONU.

La France en force d'avant-garde

La France se dit prête à « tout faire pour soutenir la force africaine en cours de déploiement et lui assurer l’appui international dont elle a besoin. » Avec déjà 450 hommes sur place, plusieurs options sont ouvertes par le ministre de la Défense, Jean-Yves Drian. L'envoi de 700-1400 militaires supplémentaires semble possible. De Guinée, où il était en déplacement, le président français a confirmé, jeudi, sa volonté « d'augmenter sensiblement » le nombre de soldats déployés en RCA. Des hommes du Groupement commandos parachutistes de la 11e brigade parachutiste ont déjà été envoyés à Bangui (selon nos confrères de La Croix) pour préparer l’arrivée des troupes supplémentaires françaises en RCA et leur projection dans le pays.

Les Américains en soutien

L'inquiétude est aussi présente de l'autre côté de l'Atlantique. Dans un communiqué diffusé hier soir, John Kerry,  le Secrétaire d'État américain annonce l'envoi d'une assistance à la MISCA, « pour aider à protéger les civils et assurer la sécurité dans tout le pays ». On parle de « soutien logistique, envoi de matériel non létal, formations et aide à la planification ». Soit un montant de 40 millions $ d'aide à la MISCA. La situation est hors contrôle de l'Etat.

(Nicolas Gros-Verheyde avec Leonor Hubaut)

(*) Interrogé jeudi midi, sur la position européenne par rapport aux récentes déclarations françaises et américaines qualifiant la situation centrafricaine de pré-génocidaire, 24 heures ont été nécessaires pour avoir une réponse, la Haute représentante de l'UE étant concentrée par les négociations sur le nucléaire iranien à Genève.

(Maj) Option présente contrairement à ce que nous avions mentionné dans une première version

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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