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Golfe Moyen-Orient

Les armes chimiques imputables à Assad. Un certain consensus européen (maj)

Le ministre Olekas à son arrivée au conseil des ministres (crédit : Thierry Monasse)
Le ministre Olekas à son arrivée au conseil des ministres (crédit : Thierry Monasse)

(BRUXELLES2 à Vilnius) Les armes chimiques utilisées en Syrie dans la banlieue de Damas sont bien l'oeuvre du régime de Bachar. L'information ne vient ni des Français, ni des Américains, ni des Britanniques - les trois pays ayant déjà largement communiqué sur ce sujet. Mais de plusieurs pays. Lors du dîner tenu, hier soir, dans le prestigieux palais des ducs de Lituanie, les ministres ont eu « des échanges d'informations sur la Syrie. Les discussions vont continuer » a ainsi précisé le ministre de la Défense lituanien, Juozas Olekas, qui coprésidait la réunion (avec C. Ashton).

Un certain consensus dans l'analyse européenne

« Il y a beaucoup de signes indiquent que (l'usage) des armes chimiques aient été utilisées par le régime » (...) Tous les Etats membres condamnent l'usage de ces armes », a-t-il précisé lors de sa conférence de presse qui s'est tenue il y a quelques minutes (10h50 heure lituanienne). De son coté, un officiel allemand a affirmé, en "off" à plusieurs collègues, qu'ils avaient les preuves de l'implication du régime sur les attaques chimiques du 21 août. Il a aussi insisté pour que le processus de remise du rapport et de délibération à l'ONU soit accéléré.

Toujours des réserves, mais mezzo vocce

Les ministres qui ont des réserves sur cette analyse ou sont plus prudents sont restés plutôt discrets lors du dîner. Selon nos informations, seuls 2 ou 3 ministres — l'italien, le slovène particulièrement — ont été sur cette position. Le ministère de la Défense slovène, Roman Jakic, - que j'ai interrogé - est notamment moins affirmatif. « L'usage des armes est inacceptable quel que soit l'origine. (...) Il est possible que ces armes aient été utilisées par Bachar ». Mais il n'y a pas de preuve. Et ce n'est pas le rapport des inspecteurs onusiens qui apportera un élément sur cette question « Nous attendons le rapport des inspecteurs de l'ONU. Mais comme vous le savez, ils n'ont pas le mandat de déterminer l'origine. » Si cet usage de armes appelle « une réponse internationale forte », en tout cas, il estime que « le conflit ne se résoudra pas de façon militaire, il faut agir de façon politique ».

Pas de condamnation des frappes

Même si plusieurs Etats européens soutiennent une solution politique et refusent une solution militaire ou ne veulent pas soutenir une action de frappes militaires comme le veulent la France et les Etats-Unis, aucun ne se hasarde cependant à condamner une possible action miliaire des alliés. « Personne ne condamne l'hypothèse de frappes militaires » a ainsi affirmé le ministre Tchèque de la Défense, Vladimir Picek, à mes collègues de la Tv tchèque, synthétisant une opinion d'ensemble.

Commentaire : On se trouve ainsi dans une situation politique différente de ce qui s'était passé pour l'Irak en 2003 ou plus récemment pour la Libye en 2011.

(Maj 18h avec quelques détails sur les positions)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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