Une PSDC en panne ? Il serait temps de passer la Seconde !
(BRUXELLES2) L'Europe de la défense n'est pas au mieux de sa forme actuellement. C'est un paradoxe. Alors qu'un certain nombre de menaces se font jour, qui devraient susciter une dynamique plus importante, ce qu'on appelle la politique de sécurité et de défense commune est atone. Le véhicule roule toujours en première alors qu'il serait temps de passer la seconde.
Un blocage persistant
Une série de problèmes récurrents parasite, voire paralyse cette politique. Et on ne sent pas vraiment de volonté de les résoudre. Le sommet prévu pour juin 2015 consacré à la défense n'est pas encore confirmé officiellement. Certaines ne sont pas solubles de façon rapide. Par exemple "parler d'une seule voix" et surtout "agir d'une seule façon" est une gageure dans un domaine où les Etats ont des positionnements (géographiques, politiques, etc.) si différents. Et les progrès se font pas à pas, dossier par dossier, de façon insensible.
Des questions pratiques qui ne sont toujours pas résolues
D'autres questions peuvent trouver une solution technique assez facilement mais sont bloquées pour des raisons idéologiques. Certains Etats membres sont hostiles. Il existe des querelles de pouvoirs entre institutions européennes.
Quelques pistes
Le financement à la charge
Le dispositif financier de la PSDC et du militaire reste archaïque. Les Etats qui participent à des opérations paient tous les coûts : ils s'engagent politiquement et humainement et en paient les coûts... Autant dire une double peine. L'impossibilité de financement par le budget de l'Union européenne des actions militaires les a fait tomber dans le domaine intergouvernemental. Avec la crise financière et budgétaire, nombre de pays n'ont tout simplement plus la capacité de participer à des opérations à l'étranger. Il faut trouver un dispositif plus solidaire pour financer une opération de maintien de la paix, un peu comme ce qui se passe aux Nations-unies. Le fonds de lancement, prévu par le Traité ne devrait-il pas être mis en oeuvre. Ou un dispositif nouveau type fonds d'initiative volontaire.
Inventer un autre système que les battlegroups ?
Les Battlegroups - force d'intervention rapide de l'Union européenne — sont au garage, moteur démonté. Le langage officiel — « c'est un excellent instrument d'entraînement et d'interopérabilité » — masque à peine le dévoiement de cet outil qui a été monté pour faire face aux crises (et non pour servir d'instrument d'interopérabilité). Il faut inventer autre chose à la fois plus concret, plus souple, plus adapté à des interventions ponctuelles. Une sorte de boite à outils d'intervention rapide, plutôt qu'une espèce de GTIA1500 impossible à mettre en oeuvre puisque personne n'en a ni la capacité de décision ni la responsabilité.
Un adjoint pour le Haut représentant ?
La Haute représentante est en passe de s’épuiser. Entre les rendez-vous prévus, les voyages internationaux nécessaires, les réunions obligatoires des conseils et de la Commission, et les imprévus, le job est totalement impossible. Une solution devra être trouvé d’une manière qui ne soit pas épisodique mais concrète.
Le rôle des délégations dans la gestion de crises ?
Pour être vraiment globale, l'approche dans les délégations devra être complétée. En cas de crise, la première chose à faire ne serait-il pas de renforcer la délégation avec du personnel adéquat à la crise : spécialistes politiques si on est face à une crise politique, sécuritaire. En théorie, c'est possible. Mais cette pratique est encore trop peu systématiquement utilisée et surtout visible. Une unité spécialisée, dotée d'un fonds d'avance pour pouvoir de façon autonome effectuer certaines missions d'évaluation, ne serait-elle pas une solution.
De nouvelles équipes de la PSDC plutôt que de nouvelles missions
Il faut inventer plutôt que de nouvelles missions ou opérations de la PSDC, des équipes mobiles de la PSDC permettant d'aller apporter un soutien opérationnel, rapidement dans des zones de crise, pouvant au besoin se développer dans le moyen terme soit au sein de la délégation soit en prélude d'une mission/opération de la PSDC.
(Nicolas Gros-Verheyde)