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Piraterie maritime

L’équipage du MV Leopard libéré. Une rançon importante versée

Le Mv Leopard (crédit : Shipcraft)

(BRUXELLES2) Les six membres du MV Leopard — 2 Danois et 4 Philippins — détenus par les pirates somaliens depuis plus de deux ans « sont maintenant sains et saufs » vient d'annoncer le ministre danois de la Défense, Nick Hækkerup. Les hommes des forces spéciales de la marine danoise (Frømandskorpset) avec l'hélicoptère de la frégate Iver Huitfeldt ont récupéré les otages sur les côtes somaliennes dans des circonstances qui n'ont pas été détaillées par les autorités danoises. « Søren Lyngbjørn et Eddy Lopez et leurs 4 collègues philippins » ont été « mis en sécurité », à bord de la frégate et ont « reçu des soins médicaux » précise le ministère danois de la Défense.

Des "criminels cyniques"

Le ministre des Affaires étrangères, Villy Søvndal, a lancé un appel à la presse pour laisser les marins libérés en « paix » quelques temps et leur permettre « de se concentrer sur son retour à une vie dans la liberté et d'être avec leurs familles après la conclusion d'une longue période en captivité ». Il avait auparavant condamné « dans les termes les plus forts » les preneurs d'otages. « Ce sont des criminels cyniques et sans scrupules qui méritent d'être capturés et traduits en justice. Et même si les efforts internationaux de lutte contre la piraterie ont limité la capacité des pirates somaliens à prendre de nouveaux otages, de nombreux marins sont encore en captivité. »

Les otages sans le navire

Les six marins avaient été capturés en janvier 2011, au large des côtes d'Oman alors que le MV Leopard estimant être sorti de la zone dangereuse, venait de se séparer de son équipe de sécurité (lire sur Somalia Report: Mystery of Missing MV Leopard Crew Member). Le navire avait été endommagé lors de l'attaque et n'était plus utilisable. Les pirates - qui opéraient loin de leur base à l'aide d'un bateau mère qu'ils avaient également capturé - avaient alors décidé d'abandonner le navire à la dérive et de conserver uniquement les otages. Technique plutôt originale dans les modalités habituellement suivies par les pirates. Lire : Dans le Golfe, les pirates s’en donnent à coeur joie

Une rançon importante versée

« Depuis l'enlèvement, nous nous sommes battus tous les jours, aidés de nos conseillers, pour trouver une solution » a expliqué Claus Bech, le directeur de Shipcraft, l'armateur du MV Leopard, tenant à remercier « les experts externes et les autorités danoises pour leur aide et leur assistance durant cette période difficile ». Cette affaire des otages a traîné pendant plus de deux ans. (Mais) Nous sommes une très petite entreprise. Et les pirates avaient des attentes irréalistes pour obtenir une rançon » a-t-il précisé. Même s'il n'a pas voulu précisé le montant de la somme versée « par souci de toutes les situations de prise d'otages à venir », le directeur a cependant convenu qu'une rançon « plus élevée que lors des précédentes prises d'otages où des Danois avaient été impliquées » avait été versée.

NB : les rançons versées pour les navires varient de 1,5 millions $ à 13 millions $ (selon notre base de données). Pour la libération du navire danois M/V CEC Future, une rançon de 1,7 millions de $ avait été versée. Mais c'était début 2009. Pour la libération du navire allemand MV Beluga Nomination, une rançon de 5 millions $, en avril 2011, avait été versée.

Commentaire : si l'on ne peut que se réjouir de l'issue heureuse de cette prise d'otages, surtout après une aussi longue durée, on ne peut cependant qu'être inquiet du versement d'une somme d'argent importante qui va redonner aux pirates le souffle d'air qui leur manquait jusqu'ici pour mener des opérations. Gageons (espérons) cependant que des actions, discrètes, sont mises en oeuvre pour soit mettre la main sur certains des auteurs, soit sur une partie de l'argent, afin de neutraliser cet effet négatif

Lire aussi : 54 otages et 2 navires aux mains des pirates

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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