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Défense UE (Doctrine)

Certains pays pourraient faire plus…

(BRUXELLES2) Christophe Lacroix, député PS (belge francophone), porte-parole du groupe pour la question du Mali, a expliqué à B2 (*) la position de son parti sur l'engagement militaire belge au Mali.

Une position qui semble partagée, peu ou prou, par plusieurs groupes au parlement belge, selon nos informations : les libéraux du MR notamment mais aussi dans une certaine mesure par les Chrétiens-démocrates flamands du CD&V. Les Chrétiens-démocrates francophones par la voix de G. Dallemagne ne sont pas tout à fait d'accord étant favorables à un engagement plus marqué de la Belgique. De l'autre côté, les autonomistes flamands du NVA étant très réticents.

L'engagement belge dans l'opération européenne EUTM Mali nécessite une évaluation, qu'entendez-vous par là ?

Nous sommes déjà engagés dans l'opération Serval (française) avec deux hélicoptères et deux C-130. Toute modification de cet engagement nécessite un rapport d'évaluation sur plusieurs plans: politique, budgétaire et militaire. Il faut bien examiner l'impact budgétaire de tout nouvel engagement. Combien coûte-il ? Tout comme les règles d'engagement sur place. Il faut examiner également l'impact sur les autres missions en cours. Nous sommes déjà engagés au Bénin, en Ouganda, au Congo... Pourrons-nous maintenir ces engagements ?

Un changement peut-il se faire rapidement ?

Oui. il suffit d'avoir le rapport d'évaluation, une décision du gouvernement et un débat au Parlement. C'est au gouvernement de prendre une décision. Et de venir l'expliquer devant le Parlement. Cela peut se faire très vite. Il suffit que le gouvernement après un conseil restreint vienne devant les parlementaires immédiatement. Nous pouvons nous réunir très vite. Nous l'avons déjà fait dans le passé. (Nb : l'autorisation du parlement belge n'est pas nécessaire, sauf en cas de déclaration de guerre. Mais c'est désormais une pratique quasi-obligatoire de venir en cas d'engagement extérieur recueillir l'accord du Parlement).

Est-ce une fatigue de l'engagement européen ?

Non au contraire. Notre groupe a, en mai dernier, déposé une résolution à la Chambre souhaitant insérer l'avenir de l'armée belge dans un cadre européen. Et nous espérons que d'autres groupes (au parlement belge) vont rejoindre cette résolution.

On sent tout de même une certaine réticence au niveau belge à un nouvel engagement. Vous estimez que la Belgique en fait trop ?

Ce ne doit pas toujours être les mêmes pays qui doivent se mobiliser. Aujourd'hui, le cercle des pays proactifs dans les opérations est toujours le même. Les Belges ont toujours été présents. Mais d'autres Etats peuvent s'engager. Les Etats-Unis ont, à plusieurs reprises, envoyé des signaux vers l'Europe, estimant que nous devons prendre en main leur défense.

Ce n'est pas le cas ?

Pas vraiment. Actuellement on a l'impression qu'il y a des discours, au niveau européen, mais peu d'engagements. Certains pays doivent sortir du bois et reprendre le flambeau.

On a l'impression de reconnaitre l'Allemagne par exemple

Oui. Mais pas seulement. Chacun doit abattre ses cartes aujourd'hui. On ne peut plus jouer au poker menteur indéfiniment.

(*) Entretien réalisé par téléphone vendredi.

Extraits de la résolution déposée par Anthony Dufrane

Même si l’avènement d’une “armée européenne” n’est pas encore à l’ordre du jour, la politique de sécurité et de défense commune de l ’ Union européenne (PSDC) prévoit que les États membres puissent mettre des capacités civiles et militaires à la disposition de l’Union. Cette participation, sur une base volontaire, constitue pour les auteurs de la présente résolution une priorité nécessitant une impulsion devant conduire à une plus grande coopération militaire en Europe. Ce n’est qu’à partir de cette coopération militaire communautaire que l’Union européenne disposera — enfin — d’une base essentielle et suffisante pour mener une véritable politique étrangère européenne.

(...) Si, par le passé, le principe prédominant en matière de diplomatie et de défense entre États européens était celui du “cavalier seul”, ce principe se retrouve aujourd’hui dépassé par les faits: l’Union européenne doit assurer la cohérence de ses politiques au niveau international au-delà d’accords bilatéraux conclus entre ses États membres.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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