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L’opération Serval au Mali est déclenchée. Les détails 1/2 (Objectifs)

(BRUXELLES2 à Paris) En 24 heures, la France a basculé d'une observation très attentive de la situation malienne en intervenant direct. Il ne s'agit pas d'une intervention "coup de poing" à la manière commando "run and kill" ou "run and save" mais bien d'une opération de moyen terme. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, l'a confirmé aujourd'hui lors d'une conférence de presse extraordinaire tenue au ministère évoquant tour à tour la menace de déstabilisation au Mali comme celle de la création d'un Etat islamiste aux portes de la France et de l'Europe. Cette opération, dite Serval, a permis l'engagement de moyens importants comprenant à la fois des hélicoptères, des avions de chasse chargés des frappes au sol et des éléments au sol, chargés (au minimum) d'assurer le soutien aux forces maliennes, comme d'importants moyens de renseignement. « La France est engagée dans un combat sans merci contre le terrorisme, où qu’il se trouve. » a-t-il précisé, démentant au passage la présence de militaires français.

Trois menaces

• La déstabilisation du Mali. Pour le ministre, « la situation au Mali est grave. Elle s’est détériorée rapidement ces derniers jours. » Et la menace de déstabilisation est intense. « Les groupes terroristes, profitant des délais inévitables pour la mise en œuvre des décisions internationales, ont lancé une offensive vers le Sud du pays, qui vise clairement à déstabiliser le Mali dans son ensemble. »

• La menace de la création d'un Etat terroriste. « C’est la sécurité de la région, de la France, de l’Europe, qui est en jeu. La menace, c’est la mise en place d’un Etat terroriste à portée de l’Europe et de la France, pris en main par des groupes qui nous visent explicitement depuis des années, à commencer par AQMI. »

• L'urgence de la menace. « Il fallait réagir, avant qu’il ne soit trop tard, pour permettre à la stratégie définie par les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies, les décisions des institutions africaines et de l’Union européenne, d’être pleinement mise en œuvre. L’objectif des terroristes est évidemment d’empêcher cette stratégie de se développer. »

Urgence de la menace

L'urgence de la menace est confirmée par plusieurs responsables militaires avec qui B2 a pu discuter. A l'aide de plusieurs faits. Le premier est d'ordre stratégique. Le rétrécissement du Mali au nord de Mopti - le "col de cygne" - est un point de passage obligé entre nord et sud. Qui tient ce passage et Mopti peut librement ensuite envahir le sud. Le second est d'ordre tactique. Contrairement à ce que laissaient entendre les premières informations, ce n'est pas seulement le groupe Ansar Dine qui mène l'offensive mais tous les groupes rebelles qui sans être automatiquement sous un commandement unique agissent de manière suffisamment coordonnée pour être efficace. Il n'y a pas actuellement quelques centaines d'hommes comme indiqué mais plusieurs milliers d'hommes, des différents mouvements (touaregs autonomistes jusqu'aux mouvements terroristes radicaux), avec 150 ou 200 véhicules.

Les trois objectifs de l'opération Serval

L'opération "Serval" - du nom d'un petit félin du désert - a « trois objectifs :

  1. arrêter l'offensive en cours des groupes terroristes et djihadistes ;
  2. empêcher leur avancée vers Bamako qui aurait pu menacer la sécurité du Mali ;
  3. assurer la sécurité des ressortissants français ainsi que des Européens. »

Une opération qui durera

Nous « poursuivrons nos opérations aussi longtemps que nécessaire. Notre détermination à lutter contre le terrorisme est totale. La France fera tout ce qu’elle peut pour lutter contre le terrorisme. Ce sont les mêmes que ceux qui détiennent tous nos otages. »

Papier à suivre, le détail des opérations (sur le Club de B2 - abonnés)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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