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Iran : les Européens misent sur l’étranglement du régime

(BRUXELLES2 à Luxembourg) Les "27" ministres des Affaires étrangères ont adopté aujourd'hui (15 octobre) un nouveau train de sanctions contre l'Iran. Un train majeur puisque sont visés l'industrie pétrochimique et gazière iranienne, les banques et le commerce iranien dans son ensemble, ainsi que l'industrie. Bref le noyau économique du pays. Par ailleurs l'UE a décidé de mettre sur ses listes noires interdites de visas et dont les avoirs sont gelés, 34 entités supplémentaires - qui fournissent un soutien financier substantiel - et 1 personne impliquée dans le programme nucléaire iranien.

L'Union européenne a ainsi décrété une interdiction du gaz iranien - qu'il s'agisse d'importation, d'achat ou de transport comme le financement ou l'assurance. Cette interdiction s'étend aux équipements clés pouvant être utilisés pour l'industrie pétrochimique, gazière ou pétrolière d'Iran. Les navires - appartenant à des sociétés européennes ou de citoyens de l'UE - ne pourront plus être utilisés pour transporter le gaz ou le pétrole iranien. De même l'UE a a interdit aux sociétés de classification d'agréer les tankers ou navires marchands iraniens. La construction de nouveaux tankers est également bannie.

Autre série de mesures : le secteur financier. Toutes les transactions financières entre les banques européennes et iraniennes sont désormais interdites, exceptées celles autorisés par avance par les autorités nationales, sous de strictes conditions. Les 27 ont également renforcé leurs mesures contre la Banque centrale d'Iran. Et les mesures visant à garantir le commerce avec l'Iran comme les crédits à l'export, garanties et autres assurances pour les moyens à court-terme sont interdites (les engagements à moyen et long terme avaient déjà été interdits).

Dernière série de mesures : l'industrie. L'interdiction de certains matériels pouvant être utilisés pour les programmes ballistiques ou nucléaires ou d'industries contrôlées par les gardes de la Révolution sont également visées : l'industrie graphite, les métaux semi-finis (aluminium, acier) comme les logiciels pour les processus industriels. Cette interdiction comprend également toute assistance financière et technique.

L'objectif des sanctions vise officiellement « les programmes balistique et nucléaire et les revenus du gouvernement iranien dédiés à ces programmes ». C'est un signal très net envers le gouvernement iranien, en prise à une crise économique profonde, pour reprendre le chemin de la négociation, et de se « conformer à toutes les obligations internationales ». L'UE « est depuis longtemps engagée à travailler pour une solution diplomatique » sur le programme nucléaire. Jusqu'à présent il n'y a pas eu de réelle réponse des Iraniens, selon un diplomate. Mais son étendue va bien au-delà. Ainsi, même si les Européens indiquent ne pas vouloir viser les populations, dans les faits, il vise à diminuer le train de vie de l'Etat iranien, à le sanctionner, et provoquer une réaction dans la population. C'est aussi un signal important vers ceux qui seraient tentés d'agir, militairement, contre l'Iran (Israël principalement) afin de lui indiquer que tout est actuellement entrepris contre la république islamique.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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