Philip Hammond évoque une accélération du retrait d’Afghanistan
(BRUXELLES2) Les troupes de sa Gracieuse Majesté pourraient se retirer plus tôt que prévu d’Afghanistan, selon ce qu'a confié Philip Hammond, le ministre britannique de la défense, à nos confrères du Guardian (lire ici). Admettant qu’il y a encore six mois, l’armée insistait pour garder autant d’hommes que possible aussi longtemps que possible sur le terrain, le commandement de l’armée est aujourd’hui «surpris par la facilité avec laquelle ils ont été capables de se retirer et de laisser aux forces afghanes leur part de responsabilité» a t-il déclaré. Le Royaume-Uni a d’ores et déjà fermé 52 de ses 86 bases militaires et postes de contrôle ces six derniers mois dans la province d’Helmand. «On reconsidère aujourd’hui combien d’hommes nous avons besoin en réalité ... il pourrait y avoir une possibilité pour un peu plus de flexibilité en vue du retrait» a t-il ajouté. «Je pense que le message que j’ai clairement reçu de l’armée est qu’il pourrait être possible de retirer plus de soldats en 2013».
S’exprimant de manière franche sur les raisons de la présence de l’armée britannique, il a également déclaré que maintenant qu’Al Quaida avait été éliminé du pays, il n’était pas légitime de demander aux troupes de mettre leurs vies en danger afin de construire l’Etat Afghan. «L'appréciation finale du succès (de l’opération militaire britannique) doit se baser sur l’étendue avec laquelle nous pouvons quitter un Afghanistan qui continuera d’empêcher l’entrée sur son territoire aux terroristes internationaux» et non pas de voir l’Afghanistan devenir un pays démocratique doté d’une société qui respecte les droits de l’Homme et d’une éducation digne de ce nom, a-t-il précisé.
Les troupes britanniques ont été déployées dans la province de Helmand en 2006 et leur retrait final est envisagé pour la fin de l’année 2014. Hammond s’est certes refusé à rentrer dans les détails d’un nouveau calendrier. Mais c’est bel et bien la première fois qu’un retrait anticipé est rendu public par Londres.
Le ministre a également reconnu qu’une paix totale en Afghanistan devra impliquer de s’engager dans «une stratégie à la Nord-Irlandaise» envers en tout cas la partie modérée des insurgés, afin de les intégrer par la réconciliation et l’intégration. «C’est la réalité. Vous ne pouvez pas trouver un accord durable avec une part significative de la population qui reste en dehors (de cet accord)».
NB : le Royaume-Uni est le deuxième contributeur de de la Force Internationale d’Assistance et de Sécurité (ISAF) après les Etats-Unis, et a perdu 427 soldats depuis le début du conflit.
Green on blue
Le ministre est aussi revenu sur les attaques «green on blue» - lorsque des membres des forces afghanes (drapeau vert) s’en prennent à leurs homologues de l'ISAF (drapeau bleu). Il a ainsi «parlé avec l’un des commandants en chef à propos de ces attaques et que les investigations ont montré de sérieuse failles dans la manière dont certains éléments des troupes afghanes ont été gérés par le passé». Le ministre a aussi révélé que 60 soldats ont été virés de l'armée afghane dans les dernières semaines et que 600 autres ont fait l'objet d'une enquête de façon conjointe par les équipes britanniques et afghanes pour les derniers meurtres. Ces attaques "internes" ne sont plus négligeables : sur les 20 soldats britanniques décédés - dans les derniers mois - 5 l'ont été par des attaques "green on blue" (l'uniforme des policiers afghans).