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Francs et rudes les échanges avec l’Iran. Mais pas vraiment d’accord… (maj)

(BRUXELLES2) L'un des mérites essentiels de la réunion de Moscou, des E3+3 (*) a été de permettre de renouer le fil du dialogue, laissé en latence, avec l'Iran. Après de longs mois sans réponse, la république islamique a, en effet, répondu à la lettre détaillée des garants du "nucléaire". Les rencontres se sont déroulées au niveau des directeurs politiques des 6, présidées par Catherine Ashton, la Haute représentante de l'UE, comme c'est la tradition. Mais c'est un fait : les désaccords restent très profonds. Et tout empreint d'un langage diplomatique, la déclaration faite par à l'issue de la rencontre ne laisse aucun doute sur ce sujet.

Des échanges francs et rudes...

Les échanges ont été « approfondis, rudes et francs » raconte Catherine Ashton (**). Après « cinq sessions plénières et plusieurs réunions bilatérales, nous avons commencé à s'attaquer aux questions critiques ». Cependant, il est « clair qu'il y a des écarts importants entre le contenu des deux positions. »

Ce que demandait le groupe E3 +3 c'était une proposition "équilibrée" comprenant « l'arrêt des activités d'enrichissement de 20 %, la fermeture de l'installation nucléaire de Fordow et l'expédition des stocks de 20 % d'uranium enrichi des matières nucléaires ainsi que des mesures réciproques (considérées) comme une première mesure pour renforcer la confiance ».

Le choix de l'Iran...

Maintenant c'est « le choix de l'Iran ». « Nous attendons que l'Iran montre « qu'il est décidé à faire le travail de diplomatie, de se concentrer des étapes pour construire la confiance, et répondre aux préoccupations de la communauté internationale. »

Les négociateurs ont donc convenu une réunion au niveau technique à Istanbul le 3 Juillet pour « fournir davantage d'éclaircissements au sujet de la proposition du groupe E3 + 3, accroître la compréhension des E3 +3 de la réponse iranienne, et étudier les questions soulevées par l'Iran au cours des séances ». Cette réunion sera suivie par un contact au niveau des vice-chefs de négociation Helga Schmid, coté européen et Dr. Bagheri, coté iranien.

La voie des sanctions reprend

De fortes divergences, également constatées à Paris. « Nous regrettons que l’Iran n’ait toujours pas effectué les gestes concrets que nous attendions et qui pourraient constituer une première étape vers le respect des résolutions du Conseil de sécurité et du Conseil des gouverneurs de l’AIEA. » a estimé Laurent Fabius dans un communiqué diffusé mardi soir (19 juin). Et de lancer un avertissement . « La pression doit désormais s’accroître sur l’Iran avec la pleine application le 1er juillet par l’Union européenne de l’embargo pétrolier décidé en janvier dernier. Les sanctions continueront d’être durcies tant que l’Iran refusera de négocier sérieusement. »

Une occasion perdue, pas de nouveau round de négociation prévu

Même constat de différence à Londres — il reste de « significatives différences sur la substance » a souligné William Hague — avec un ton plus appuyé sur la sensation d'échec, rejetant la faute sur les Iraniens. « Les E3+3 ont abordé les discussions à Moscou prêts au progrès. Notre position a été constante claire et raisonnable. (...) Nous regrettons que l'Iran n'était pas préparé à négocier sérieusement sur les préoccupations spécifiques de la communauté internationale, en particulier sur l'enrichissement à 20% ».« C'est une occasion perdue pour résoudre (ces) préoccupations. (...) Nous avons été incapables de fixer une autre série de pourparlers à ce stade. Toutefois, les experts nucléaires des deux parties se rencontreront pour offrir plus de clarté sur les questions techniques. (Et) c'est la suite de cela que nous examinerons s'il existe une base suffisante pour de nouvelles négociations politiques. »

Et le Britannique de conclure comme son collègue français. « La porte reste ouverte pour un engagement sérieux et les négociations. Les sanctions pétrolières de l'UE entreront en vigueur le 1er Juillet et à moins que l'Iran choisisse une voie différente, nous travaillerons avec des partenaires à travers le monde pour intensifier la pression ».

(*) les 3 Européens - France, Allemagne, Royaume-Uni - ainsi que les 3 "Grands" membres du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Chine et Russie)

(**) texte traduit de l'anglais par mes petites mains... -)

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(mis à jour mercredi matin avec les propos du ministre britannique)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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