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EUTM Somalia démarre (3) : Les Européens bâtissent

(BRUXELLES2 à Bihanga) Sur place au camp de l'UPDF (les forces ougandaises) de Bihanga, il n'y avait rien de prévu pour assurer l'accueil des formateurs européens et même de toutes les recrues somaliennes. Fidèle à une tradition entreprise au Tchad, les Européens ont donc retroussé leurs manches ou, plutôt, ont conçu des plans pour faire jaillir de terre un camp complet permettant à la fois à la petite centaine de formateurs qui seront présents d'avoir des espaces de logement, de nourriture, de travail ou de soins.

Nb : Le camp n'a pas encore de nom. Peut-être recevra-t-il celui de "camp Solana" du nom de l'ancien haut-représentant qui a beaucoup oeuvré pour le démarrage de cette mission, à moins qu'il ne préfère celui de "camp Lady Ashton", l'actuelle haute-représentante puisque c'est la première opération qui a démarré sous son égide.

A l’entrée du camp de l'UPDF, un bulldozer et des camions s’activent, charriant la terre de part en part, pour transformer cet espace libre, avec deux collines à chaque bout, en une piste d’atterrissage praticable. Longue de 1200 mètres environ, de terre battue et gravier, cette piste aura une utilité en cas d’urgence, médicale notamment.

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La future piste d'atterrissage (© Ngv / Bruxelles2)

Le camp européen est encore en construction

Le réfectoire et les sanitaires ont été les premiers à être sortis de terre. Actuellement, on bâtit l’infirmerie (encore sous tente), le foyer, les logements pour les contractants, ainsi qu’un petit ensemble de constructions pour permettre de faire les exercices de guérilla en milieu urbain (FIBUA). Le bureau du commandant et les salles de réunion sont encore en construction. Ce devrait être terminé d’ici quelques jours. Les travaux vont vite ! En attendant, le bureau de commandement et les briefings de service se font… dans le réfectoire.

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La construction du FHQ est presque terminée (© Ngv / Bruxelles2)

Tous les Européens sont logés sous tente par quatre. Pour l’avoir testée, c’est plutôt confortable même si il y a peu d'intimité (on est assez serré). Et, au fur et à mesure de la montée de la température dans la journée, la chaleur devient étouffante à l’intérieur. Montées sur pilotis d’environ 40 cms de haut, de 5 mètres sur 5, elles sont conçues pour tenir sous une grosse averse ; ce qui est plutôt courant en Ouganda où les pluies tropicales durent quelques mois par an. Une petite tempête, de « bienvenue » s’est abattue sur les soldats européens à peine arrivée. Du coup, il a fallu arrimer les tentes de façon un peu plus solide.

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On arrime plus solidement les tentes (© NGV / Bruxelles2)

Côté logistique, c’est une société dirigée par deux anciens de l’armée sud-africaine African Sky Limited (ASL Somalia), qui est responsable tant de la nourriture que de la construction des bâtiments et autres. Et çà marche. Même si les travaux ont pris un peu de retard. Aussi les travaux commencent tôt le matin jusqu’à tard le soir pour tout finir. La nourriture concoctée dans la cuisine, toute neuve, du camp, par les cuistots (sud-africains et ougandais) est simple mais, pour tout dire, excellente. Et elle mériterait au moins 2 * dans un guide des cantines européennes (s’il existait).

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Le staff sud-africain (© NGV / Bruxelles2)

Dans le camp ougandais, des bâtiments ont aussi été construits et sont terminés, notamment pour construire des dortoirs supplémentaires pour accueillir les Somaliens. En fait la capacité du camp a été quasiment doublée.

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Une mission prévue de longue date

La planification de la mission a commencé en janvier réellement. Après un accord en mai, l’approbation du Crisis management concept en novembre, les équipes de planification se sont constituées en décembre. Le travail a commencé à plein en janvier. Cela ne manquait pas. Il fallait définir le type de formations nécessaire, le programme, et l'intercaler et le coordonner avec la formation faite par les Ougandais. « Dès le début, on voyait bien qu’il fallait travailler avec les Ougandais » raconte un des officiers qui a participé au travail. Ensuite la conférence de génération de forces a permis de répartir parmi les différentes nationalités, les formations.

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Même les pays en difficulté économique ont envoyé des formateurs, ici Hongrois et Grecs (© Ngv/Bruxelles2)

Comme indiqué sur ce blog, c’est la partie médicale qui a coincé : Allemands surtout voulaient un rôle 2 : Maltais, Britanniques, Suédois ont suivi. Ce qui revenait à avoir presque plus de personnel médical que de formateurs. Finalement on s’en est tenu à un rôle 1 : un médecin et un infirmier. La partie chirurgicale, et l’évacuation rapide seront fournis par un contractant. Ce qui ne sera pas de trop. Vu l’éloignement et la difficulté de la route, il vaut mieux avoir une pleine capacité médicale.

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Infirmerie, en premier plan une ambulance de l'UPDF en "visite" de voisinage (© Ngv/Bruxelles2)

(Nicolas Gros-Verheyde)

Suivez ma visite guidée du camp

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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