Les “Visegrad” coopéreront également… en parole surtout !
(BRUXELLES2) Les quatre pays de Visegrad veulent, eux aussi, renforcer leur coopération. Les ministres de la défense et des affaires étrangères polonais, tchèque, hongrois et slovaque ont ainsi signé une déclaration commune, en marge de la réunion de l'OTAN, mercredi (18 avril). Objectif : renforcer l'Alliance, y compris ses capacités de défense. Le titre de la déclaration est d'ailleurs éloquent : "responsability for a strong Nato". A la différence des autres coopérations (ravitaillement en vol, Benelux...), il ne s'agit pas vraiment ici de s'engager dans des projets concrets mais davantage d'apporter un soutien politique et une orientation précise aux projets de l'Alliance Atlantique.
Le bouclier anti-missiles, la défense des territoires de l'OTAN et une présence américaine en Europe
Les 4 pays promettent ainsi de « soutenir le développement du projet de défense antimissile » de l'OTAN. « Un élément clé de la défense collective qui contribuera à la sécurité indivisible de l'Alliance » A travers les mots, on sent que ces pays demeurent malgré tout attachés au rôle traditionnel, de protection des territoires de l'OTAN. « Nous soutenons fortement la conduite d'exercices conçus sur des scenarii basés sur l'article 5 », la clause de solidarité. Ils demandent notamment à ce que les alliés s'engagent de façon un peu plus déterminée dans l'exercice "Steadfast jazz 2013" qui devrait conçu comme un exercice de terrain (et non un exercice de simulation). La défense de l'Alliance - à travers la DDP (Deterrence and Defense posture) - doit rester un mix de capacités conventionnelles, nucléaires et de la défense anti-missiles, précisent-ils. Mais les pays de Visagrad soutiennent le maintien d'une présence américaine en Europe de manière « continue et adéquate ». Et il faut engager la Russie sur une « base de réciprocité sur tous les sujets, y compris la transparence des armes nucléaires tactiques ».
Pas de retrait d'Afghanistan
Les pays de Visegrad se sont également accordés à veiller à ne « pas se retirer de la mission dirigée par l'OTAN en Afghanistan que d'un commun accord, et d'ici la fin de 2014 », selon le principe "in together, out together" (entrer ensemble, sortir ensemble). Ce qui semble néanmoins en contradiction, au moins pour la Pologne, avec l'engagement pris lors de la campagne électorale par le président de la République polonais (qui n'a, c'est vrai, qu'un rôle limité sur la scène politique nationale). Pour le futur, ils estiment « essentiel » que les pays prenant part à l'opération coordonnent de façon étroite leurs plans pour l'avenir en Afghanistan ».
Participation à la Smart initiative
Les signataires sont prêts à s'engager sur différents projets de la Smart Defense, « un important facteur pour maintenir et augmenter nos capacités de défense collective comme nationale ». Ils saluent également le développement de capacités dans l'OTAN comme dans l'Union européenne « qui doivent mutuellement se soutenir dans l'objectif d'éviter des duplications ». Mais ils ne font des propositions que dans le cadre de la Smart Defense. Sont ainsi listés plusieurs projets auxquels ces pays sont prêts à participer "par des engagements individuels" : la formation des contrôleurs aériens, la défense chimique, biologique, radiologique et nucléaire (CBRN), la formation des pilotes d'hélicoptères, la logistique conjointe, les installations de traitement médical, la mise en commun des avions de patrouille maritime, la formation à la détection d'engins explosifs artisanaux (C-IED). Aucune précision n'est apportée de manière concrète. Mais, de façon plus générale, les "Visegrad" estiment que les solutions trouvées pour le financement en commun des coûts d'investissement de sécurité et opérationnels de l'AGS - Alliance Ground Surveillance - pourraient être « étendues à d'autres capacités similaires » de l'OTAN.
Elargir l'OTAN
Les "Visegrad" veulent poursuivre la politique d'élargissement de l'OTAN « aux pays qui sont disposés et aptes à assumer les obligations de l'adhésion à l'OTAN et l'adoption de ce qui peut contribuer à notre sécurité ». C'est un des outils « les plus réussis et importants pour assurer la stabilité et la sécurité ». Et ils espèrent l'adhésion « aussi rapide que possible ». NB : aucun pays n'est précisé mais on peut penser qu'outre les Balkans (Serbie...), cela peut concerner surtout certains pays de l'ex-Urss comme la Géorgie, la Moldavie voire l'Ukraine. Point qui ne paraît pas enthousiasmer automatiquement certains Etats membres comme la France ou l'Allemagne, peu soucieuses d'engager un front de plus.
Télécharger la déclaration complète (anglais) dans : docs de B2