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Une ambassade commune aux Européens en Syrie. Oui mais…

(BRUXELLES2) La présence européenne en Syrie a, de nouveau, été sur la table des ambassadeurs du COPS aujourd'hui. Mais il n'y a toujours pas de position commune. Quatre des  "grands" pays (Royaume-Uni, France, Allemagne et, en dernier lieu, Espagne) ont déjà fermé, ou vont fermer, leurs ambassades. Les autres Etats membres présents sur place - une quinzaine - gardent toujours leur ambassade ouverte et opérationnelle (Belgique, Chypre, Danemark, Finlande, Grèce, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Suède, Rép. Tchèque, ...) tant que la situation de sécurité le permet ou tant qu'il n'y a pas une position unique des Européens sur le sujet. Deux de ces pays (Finlande, Pays-Bas) ont cependant déjà réduit au minimum leur personnel pour raison de sécurité.

Le service européen d'action extérieure (SEAE) a proposé d'accueillir les diplomates des pays membres qui ont retiré leurs effectifs. Toutes les délégations semblent d'accord sur ce point ; ou du moins aucune n'a exprimé d'opinion dissidente. Et l'Espagne qui a annoncé (mardi) vouloir fermer son ambassade souhaite mettre deux diplomates au sein de la délégation de l'UE, pour continuer d'observer la situation, son ambassade fonctionnant a minima avec des agents locaux. Cette option ne pourra cependant pas être utilisée par tous les Etats membres. La délégation européenne a offert 5 places disponibles en son sein pour des diplomates des Etats membres qui souhaiteraient continuer à exercer leur travail tout en fermant leur ambassade. Il y a quelques considérations pragmatiques à régler, notamment en matière de sécurité.

L'ambassade de l'UE en Syrie est dirigée depuis 2007 par le Grec Vassilis Bontosoglou. Il aurait dû être remplacé dans le cadre de la rotation 2011. Mais "étant données les circonstances, ce remplacement est pour le moment suspendu" précise-t-on au SEAE. Selon les informations disponibles, environ 26.000 citoyens européens sont présents en Syrie. Mais une large majorité d'entre eux (80-90% environ) ont la double nationalité syrienne et des attaches locales (famille, etc...).

NB : L'idée de n'avoir qu'une ambassade européenne dans un pays en crise est séduisante et serait un geste fort. Elle se heurte cependant à des problèmes pratiques tels que celui évoqué. De la même façon, toutes les idées développées régulièrement de renforcer le rôle consulaire de l'UE, avec des diplomates des Etats membres, se heurtera à des considérations très concrètes. Dans quels locaux, avec quel budget, avec quels moyens de communication, de sécurité, ... ? Loin de débats théoriques sur le Plus ou le Moins d'Europe, il faut examiner toutes ces questions de façon pratique. Le test de la crise syrienne permettra aussi de voir si ceux qui proposent ces développements sont capables de joindre le geste à la parole.

Lire également : Les Européens restent quand même divisés sur la Syrie

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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