Le Somaliland indépendant demande sa reconnaissance par l’UE
(BRUXELLES2) Le Somaliland mérite votre coopération et souhaite qu'on reconnaisse son droit à l'indépendance, c'est le message principal de Mohamed Omar, le ministre des affaires étrangères de cette république autonome de Somalie, a délivré aux eurodéputés de la commission parlementaire des affaires étrangères (AFET), mercredi (21 mars). Une occasion également pour le ministre de remercier l'Union Européenne - « le principal bailleur de fonds » du pays - mais aussi de rappeler combien son pays tient une position stratégique dans la Corne de l'Afrique. Il souhaite ainsi que l'Europe accorde une attention plus importante à la coopération non seulement au développement mais aussi à la sécurité et appelle au départ du gouvernement fédéral de transition (GFT), que soutient pourtant (à bout de de bras) la communauté internationale, et (de moins en moins) l'Union européenne.
Une exception dans le chaos de la région
Dans une région où règne parfois le chaos, le Somaliland fait, en effet, figure d'exception, tant en termes de gouvernance, de développement, et de sécurité que dans le domaine social. Les élections se déroulent normalement, la transfert de pouvoir en 2010 ayant été surveillé par des observateurs internationaux qui n'ont pas détecté de problème particulier. Le gouvernement "fournit une éducation primaire gratuite", la mortalité infantile a baissé de 152 à 50 o/oo en 20 ans, etc, explique-t-il. A partir de cette situation, les autorités du Somaliland réclament la reconnaissance internationale de leur Etat.
Demande de reconnaissance de l'indépendance
Mohamed Omar a rappelé cette demande de reconnaissance de l'indépendance aux eurodéputés. Il ne s'agit pas d'une "sécession" mais de la "dissolution d'une union qui a échoué". Les anciens des clans du Nord de la Somalie ont déclaré leur indépendance et créé la République de Somaliland en 1991. Une telle reconnaissance lui permettrait non seulement de se développer grâce à un accès aux fonds internationaux, mais aussi d'accentuer son influence dans la lutte contre la piraterie et le terrorisme dans la région. « Le Somaliland veut jouer son rôle (en tant que) phare de la paix et de la sécurité dans la Corne de l'Afrique ».
La reconnaissance du pays au niveau international permettrait par exemple qu'il ne soit pas inclus dans l'embargo sur les armes envers la Somalie, ce qui « renforcerait sa capacité à contrôler ses eaux et gérer les menaces sécuritaires comme Al Shabaab ». Si la stabilité, la paix et la sécurité, sont bel et bien l'objectif à court terme, auquel le Somaliland travaille déjà avec succès, l'indépendance reste « l'objectif à long terme », a rappelé Mohamed Omar.
Un partenaire indispensable dans la lutte contre la piraterie et le terrorisme
Pour l'UE, avoir un partenaire stable dans la région serait un atout considérable. "Nous sommes entièrement engagés dans avec la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme et la piraterie" a déclaré le ministre. La coopération existe déjà avec le Somaliland, mais Mohamed Omar regrette que ce ne soit pas le cas dans le domaine de la sécurité. Il appelle par exemple à une formation des forces de son pays.
Le Somaliland dispose par ailleurs de prisons, qui manquent cruellement dans la lutte contre la piraterie, et un transfert de prisonniers des Seychelles vers ce pays est déjà prévu. De même, le Somaliland est un allié important dans la lutte contre le terrorisme. Si le mouvement Al Shabaab est presque vaincu autour de Mogadiscio, la capitale de la Somalie, Mohamed Omar pose la question : "mais où vont-ils ? Ils se déplacent [...] peut-être vers le Nord, dans les montagnes du Somaliland", évoquant ainsi une menace possible. Il en appelle là aussi à une collaboration plus étroite en matière de sécurité.
Une reconnaissance internationale permettrait également au Somaliland de faire partie de l'Union Africaine (et donc de l'AMISOM), plaide-t-il. Pour l'instant, le nouvel Etat ne demande qu'un "statut d'observateur" à l'Union africaine.
Le Gouvernement fédéral de transition (GFT) somalien doit partir
Le ministre du Somaliland se pose en opposition avec le GFT somalien, "en place depuis 2004, depuis huit ans". "Ce n'est pas un interlocuteur crédible" car il demande une extension de son mandat "à chaque échéance". Mohamed Omar est ici en accord avec les conclusions de la Conférence de Londres, qui demande que le GFT laisse la place à une nouvelle administration. La feuille de route de Djibouti, qui prévoit des élections parlementaires et une assemblée constituante d'ici au mois d'août, est un échec selon le ministre, qui ne voit pas pourquoi l'on continue de négocier avec "une administration qui va partir dans quelques mois" (à savoir, le GFT). Et il appelle à un dialogue "d'égal à égal" entre la Somalie et le Somaliland.
"Se concentrer sur la re-création d'un Etat centralisé par une approche "top-down" ignore les réalités du terrain, qui sont dictées par par la nature décentralisée de la politique somalienne". Il faut alors prendre l'exemple du Somaliland et des réussites déjà avérées. "Nous offrons un exemple incontestable d'un processus de construction nationale pacifique et démocratique basée sur des méthodes africaines testées, dessinées pour régler des conflits entre communautés voisines".
Mention "bien"
Finalement, le Somaliland a reçu ce qu'on pourrait appeler une "mention bien" des eurodéputés qui ont salué son action stabilisatrice, même si tous ne partagent pas aussi fortement l'idée d'un démembrement de la Somalie et d'une séparation totale (le séparatisme de l'Erythrée qui a obtenu son indépendance de l'Ethiopie est encore dans certaines têtes comme le contre-exemple).
comment expliquer que plus de trois millions d’humains qui veulent vivre dans la paix, on les envoie vers la mort à Mogadiscio? Alors qu’on vient de diviser le Soudan, alors qu’il n’y avait pas un délabrement du pays?Il est nécessaire que la Communauté internationale accepte la demande d’un peuple épris de paix et démocratique.