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L’Europe entend se ravitailler toute seule (Maj)

(BRUXELLES2) C'était une des lacunes majeures constatée lors de l'opération Unified Protector en Libye. Les appareils européens (français, britanniques, belges, danois, néerlandais...) qu'il s'agisse de frappe ou d'observation n'ont pu accomplir leurs missions que parce que les Américains ont fourni les ressources en ravitailleurs suffisante. Un vol aller-retour, et passage sur le pays, nécessite en effet un ou deux ravitaillements en vol. Cette lacune n'a d'ailleurs pas vraiment été découverte lors de la Libye ; elle était déjà constatée et entérinée dans plusieurs documents de planification capacitaires à l'Union européenne. Le constat "libyen" a permis donc d'en accélérer la prise de conscience politique. Et c'est désormais un des projets les plus emblématiques du "pooling and sharing" à l'européenne.

Les ministres de la Défense doivent en effet entériner, le 22 mars, une déclaration politique qui va permettre d'enclencher un processus permettant sa présentation au nom des Européens comme une de leurs contributions au Sommet de l'OTAN à Chicago. Ce projet a plusieurs objectifs : à court, moyen et long terme. « Le projet démarre maintenant ; il se réalisera au fur et à mesure des acquisitions » a expliqué un expert du dossier à B2. Mais il ne faut pas espérer de miracle tout de suite. « On ne pourra pas avoir automatiquement de capacités multipliées dans trois-quatre ans. On se situe plutôt dans un horizon 2020 ». C'est à ce moment là qu'on pourra dire que les Européens ont une certaine autonomie en matière d'avions ravitailleurs.

Le projet va porter sur trois points :

1° L'augmentation des capacités de ravitaillement - soit par l'achat de nouveaux matériels (comme va le faire la France) ou l'acquisition d’heures de vol (comme va le faire le Royaume-Uni), en mettant en commun les capacités existantes ou futures (comme veut le faire l'Allemagne avec l'A400M).

2° L'entrainement, le parking, la maintenance.

3° L'emploi des forces. Les quatre pays qui participent déjà au centre de commandement européen de l'aviation de transport EATC (Allemagne, France, Belgique, Pays-Bas) vont l’utiliser.

(Maj) Participent à ce projet, les six "grands" pays : la France (chef de file), l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne, la Suède, ainsi que la Belgique, la Finlande, la Grèce, la Hongrie, le Portugal.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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