Les questions très “arrangées” de la porte-parole de l’OTAN (maj)
(BRUXELLES2, humeur) Comment s'assurer que les journalistes ne posent pas de questions trop gênantes ou non préparées ? C'est tout le dilemme d'un bon chargé de comm. Notre ancienne consoeur de la BBC, Oana Lungescu, en charge désormais de la "comm" de l'OTAN, a trouvé la solution. Passer un petit coup de fil, entre amis, avant la conférence de presse, aux journalistes identifiés pour connaitre leurs centres d'intérêt, voire leur en suggérer. Solution pas très originale d'ailleurs (*). Mais tellement facile... L'adepte de la "Smart" defense ne peut pas toujours trouver des "Smart" réponses. Pour être smart, il vaut mieux être au jus. Et pour être au jus, rien de mieux que de susciter les questions.Car Anders Fogh Rasmussen a une communication très rodée et ne veut pas déborder des 2-3 sujets qu'il a bien préparé. Malheur alors à ceux qui ne sont pas dans le planning de comm. J'ai ainsi testé le dispositif, au déboté, à la sortie de la salle sur la Grèce et la Turquie, pourquoi l'OTAN n'intervient dans ce conflit larvé, qui entraîne des dépenses de défense indues, surtout en ces temps d'endettement important des budgets publics. Question a priori très smart défense, non ? 🙂 Je n'ai pas eu de réponse, sinon un silence, deux enjambées plus loin, protégé par ses sbires, Anders Fogh était hors d'atteinte. La réponse : plus tard. Je reconnais, ce n'était pas très fair-play, je n'avais pas téléphoné ma question avant. Sorry ! 🙂 Promis, la prochaine fois je l'envoie en recommandé...
(*) La présidence finlandaise, pourtant adepte de la transparence, n'avait pas procédé autrement lors d'un sommet européen en octobre 2006, à Lahti, où le dirigeant russe Vladimir Poutine était l'invité d'honneur. C'était quelques jours après l'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa. Les journalistes européens avaient droit à deux questions, nos confrères russes à deux. Pour ces derniers, autant vous dire qu'il n'y avait pas d'inquiétude, c'était le porte-parole du Kremlin qui donnait la parole. Pour les Européens, idem, car faisant semblant d'hésiter, la porte-parole finlandaise (charmante au demeurant) a en fait choisi soigneusement ses interlocuteurs, tout en douceur, qui ont posé les questions les moins gênantes possibles pour leur hôte. Un Finlandais, un Allemand si mes souvenirs sont bons. Les collègues polonais, espagnols... qui pointaient vers le ciel, en se levant au besoin pour être mieux vus, avaient perdu d'avance ! Poutine buvait du petit lait... Ca c'est de la com' coco !Précision : le service de communication de l'OTAN a tenu à répondre à l'article de la façon suivante : « cela me flatte que tu penses que j’ai le temps de passer des coups de fil avant les conférences de presse. (…). Quant à la Grèce « le secrétaire general y a déjà répondu pendant son récent voyage en Grèce et en Turquie pour marquer 60 ans depuis leur entrée dans l’OTAN – le fait est que les deux alliés ont fait des pas importants pour dépasser leurs differends, et l’OTAN n’y est sans doute pas pour rien. Et tous les alliés soutiennent la Smart Defence comme une initiative propre a dépasser la crise en sortant par le haut. »
