Bachar tombera et rendra compte (A. Juppé). Ses 5 pistes sur la Syrie
(BRUXELLES2 à Strasbourg) Alain Juppé s'est voulu déterminé devant les eurodéputés de la commission des Affaires étrangères, mercredi (15 février). « Bachar el Assad tombera. il devra rendre compte du massacre de son peuple. » Ce qui se passe actuellement en Syrie est « inacceptable, profondément choquant. Cela pourra rester une tâche sur le travail des Nations-Unies (si on n'agit pas) » a expliqué le ministre français des Affaires étrangères. « L'Union européenne est aujourd'hui unie pour soutenir la Ligue Arabe et renforcer l'opposition syrienne. » Et de tracer, devant les eurodéputés, une sorte de feuille de route des Européens sur la Syrie.
Première piste : Le groupe des amis de la Syrie. « Aux côtés des 13 (Etats) qui ont voté pour le projet de résolution, bloqué par Moscou et Pékin, de tous nos alliés régionaux et bien sûr de la Turquie, j'appelle l'UE à apporter tout son appui au groupe des amis du peuple syrien » qui se réunira le 24 février à Tunis. C'est la première piste. Ce groupe a un « objectif clair : accentuer la pression sur les pays qui bloquent au Conseil et sur Bachar el Assad. C'est un peu la même chose que pour la Libye à la différence qu’on avait une intervention militaire et une résolution des Nations-Unies. »
Deuxième piste : la résolution présentée à l'AG des Nations-Unies par l'Egypte et les pays arabes. « Elle est soutenue par l'UE, les 27 sont unis sur le sujet. Ce ne sera qu’un texte déclaratoire. Car l’AG n’a pas pouvoir de décision. Mais ce sera un geste important. »
Troisième piste : la force de maintien de la paix. Les Européens et Arabes travaillent sur une nouvelle résolution au Conseil de sécurité permettant l'envoi d'une force de paix, comme le demande officiellement la Ligue arabe. « Nous ne voyons pas encore bien tous les contours. Elle ne sera pas sous le chapitre VII (recours à l'usage de la force), sous le chapitre VI (observation). J’ai demandé que cette mission soit sur une mission humanitaire, soit sur l’idée de corridors humanitaires lancés par la Ligue arabe. Mais je crains un (nouveau) veto de Russie » a-t-il ajouté. Après Strasbourg, le ministre doit s'envoler pour Vienne, où il rencontrera demain (jeudi 16 février), son homologue russe, Sergueï Lavrov un homme clé des relations internationales aujourd'hui, que ce soit pour la Syrie ou l'Iran. « Je compte user de la force de conviction. » a-t-il expliqué à quelques journalistes dans un corridor du Parlement après l'audition. « La Russie ne peut pas rester isolée. Ce n'est pas une bonne chose. Son veto fait que le massacre de la population continue. » De source diplomatique française, on n'attend cependant pas d'avancée majeure de Moscou, la « campagne électorale en cours en Russie n'y contribue pas vraiment », a expliqué à B2 un diplomate.
Quatrième piste : « aider l'opposition à s’unir ». « Celle-ci est éclatée, entre ceux qui sont à l'intérieur et à l'extérieur, celle qui est armée et celle qui ne l'est pas. Il y a des communautés différentes. » explique Alain Juppé.
Cinquième piste : les sanctions. « L'UE a été la première à sanctionner Bachar el-Assad et les complices de ces crimes contre l'humanité quand la Russie et la Chine continuent d'empêcher la Conseil de sécurité » Quelques jours après la réunion du groupe de contact, le Conseil des Affaires étrangères de l'UE devrait établir (le 27 février), un nouveau train de sanctions, le onzième, « avec de nouvelles sanctions, très dures » a-t-il précisé.