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L’oubli de l’Europe de la défense. Hollande proche du nul

Francois Hollande à l'émission "Des paroles et des Actes"

(BRUXELLES2) Singulier oubli. Dans ses "60 propositions", François Hollande, le candidat socialiste à la Présidence de la République, a fait une impasse remarquable sur l'Europe de la Défense. Celui qui rappelle régulièrement sa ferveur européenne et avoir « appelé à voter pour la Constitution européenne » ne semble pas vraiment mettre au coeur de ses préoccupations internationales ce projet européen. La proposition "défense" est d'ailleurs la bonne dernière de ses propositions.

Si le candidat a montré au Bourget ou sur le plateau récemment de France Tv - à l'émission Des Paroles et Des Actes face à Alain Juppé, un certain brio, une présence et une étoffe de présidentiable, c'est indéniable, la faiblesse du projet socialiste en matière diplomatique et de défense est patent... et inquiétant.

Le projet socialiste met de coté l'Union pour la Méditerranée, projet sarkozien, aujourd'hui mort-né. Mais pour autant, il ne remet par l'Europe au coeur du projet avec les pays du Sud, c'est la France et elle seule qui est à l'oeuvre. Un peu léger !


C'est la proposition la plus novatrice du candidat Hollande en matière de défense, même si elle parait difficile à tenir. Plus aucune troupe française d'ici fin 2012, signifie engager dès maintenant un retrait accéléré. C'est un sévère coup de canif dans la solidarité entre alliés de l'OTAN. Quant au déclenchement de nouvelles négociations entre Israël et la Palestine (soulignons qu'on ne parle plus de Territoires occupés), c'est effectivement souhaitable. Mais on ne sait pas vraiment quelles initiatives pourraient être acceptables par les deux parties. Il serait, là aussi, souhaitable d'impliquer les autres pays de l'Union européenne. 

On peut remarquer que cette proposition n'est pas très éloignée de celle de Nicolas Sarkozy. Sauf à rétablir le service national, le lien armée-nation parait plutôt une notion politique d'apparence pour contrebalancer les paragraphes sur l'action contre le terrorisme ou la dissuasion nucléaire. L'ambition de limiter l'OTAN à la sécurité collective, elle ne signifie pas automatiquement une sécurité territoriale. Quand il y a une opération en Afghanistan, c'est bien au nom de la sécurité collective. Quand au rôle de l'Union européenne, pourtant au coeur de la clause de solidarité et de la clause de défense mutuelle présentes dans le Traité de Lisbonne, elle est totalement absente de cette proposition.

Télécharger sur le site de B2 les 60 propositions

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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