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Fusillade à Liège : 6 morts. Contrôle des armes en question ? (Maj6)

(BRUXELLES2) Alors qu'un conseil des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne se déroulait à Bruxelles, à Liège à 100 km de là, se déroulait une scène de panique. Un tireur (isolé selon les dernières informations de la police) a fait irruption sur une des places principales de la ville, la place St Lambert, à l'heure où les passants font leurs courses l'école. Armé de grenades et d'un fusil automatique type FAL (on a parlé au départ d'un fusil automatique type Kalachnikov), il a envoyé plusieurs grenades puis dirigé son tir vers les arrêts de bus, remplis à cette heure là, notamment de collégiens qui rentrent de l'école, avant de prendre un revolver et de se suicider d'un coup à la tête. Nombre des blessés ont moins de 20 ans.

Tous les hôpitaux de la région ont été mis en alerte, y compris celui de Maastricht aux Pays-Bas. Les écoles et certains établissements publics, proches des lieux ont été fermés le temps que la situation se calme (environ 1 à 2 heures).

Bilan fluctuant

(**) Le bilan établi en fin d'après-midi mardi fait état d'abord de 2 morts puis de 4 morts, selon les sources judiciaires (le tireur, un adolescent de 15 ans, un autre de 17 ans, une personne âgée de 75 ans) et de 123 blessés, dont 5 graves. Un bébé de 17 mois est mort dans la soirée à l'hôpital. Et les policiers ont retrouvé au domicile du tueur un autre corps, celui de sa femme de ménage (âgée de 45 ans). Un temps (mercredi 14 déc.), on a cru pouvoir revoir le bilan à la baisse, la personne de 75 ans étant toujours en réanimation, mais son décès a finalement été constaté dans la nuit du 14 au 15 décembre. Le dernier bilan est donc de 6 morts. Deux autres personnes (un jeune de 20 ans et un bébé de moins de 2 ans) sont toujours dans un état critique.

Responsables politiques sur place

L'émotion est à son comble dans le royaume. La ministre de l'intérieur Joelle Milquet s'est rendue sur place. Le Premier ministre Elio di Rupo se déplace également. Rude coup pour celui qui vient tout juste d'être confirmé comme chef de gouvernement après près d'un an et demi de négociation. Le Roi Albert II et la Reine étaient attendues au palais provincial en fin d'après-midi, mardi (13 décembre).

Un auteur connu pour aimer les armes

Quant à l'auteur des coups de feu, il serait connu de la justice ayant fait l'objet d'une condamnation à 4 ans et 10 mois de prison pour détention d'armes et de plants de cannabis en 2008 (** il avait été ensuite acquitté en 2e instance pour les faits d'armes, du fait d'un vice de procédure). Il avait chez lui en 2007 tout un arsenal d'armements (comme un AK47, un MP40, des viseurs lasers et une série de pièces de rechanges et de munitions, 9500 pièces en tout), a témoigné J.M. Crespin un journaliste de la Dernière Heure, le quotidien populaire belge. Ce qui n'avait rien à voir avec un "petit" délinquant. Il a agi « seul » a tenu à affirmer rapidement le Centre fédéral de crise, démentant ainsi des rumeurs d'existence de plusieurs auteurs ou de lien avec une affaire de braquage qui devait être jugée au palais de justice de Liège aujourd'hui. Selon le procureur du Roi, Danièle Reynders, l'individu n'est « pas du tout connu pour des faits de terrorisme ».

Même si les mobiles semblent différents, a priori, et le bilan incomparable, on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec la tuerie d'Oslo. Il semble aujourd'hui que la menace terroriste, si pregnante il y a dix ans, se déplace vers une menace sécuritaire, moins facile à contrôler ou à prévenir car plus diffuse. La question du contrôle des armes automatiques notamment va devoir être évoquée et devrait devenir une question de la plus haute importance au niveau européen.

** C'est d'ailleurs le sens de la question qui a été posée en conseil des ministres restreint (kern), mercredi (14 décembre), par la nouvelle ministre de l'Intérieur, Joelle Milquet, dont c'est le bâptême du feu "On constate une recrudescence du trafic d'armes, notamment des armes de guerre. La Belgique n'est pas le seul pays touché. Il faudra une coordination européenne"...

** Mis à jour jeudi matin

Lire également : L’erreur de cible de l’anti-terrorisme européen

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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