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Et de 28 ! Croatie c’est oui, Serbie p’t’être ben qu’oui !

Signature du traité d'adhésion de la Croatie (crédit : Commission européenne)

(BRUXELLES2) La Croatie a gagné, aujourd'hui, en marge du sommet européen, ses galons de 28e État membre de l’Union européenne. Le traité d’adhésion doit maintenant être ratifié dans les 28 pays.

A deux doigt du statut

La Serbie n’a, en revanche, pas obtenu son statut de pays candidat à l'UE. Mais les 27 n’ont pas osé lui infliger le camouflet d'un refus du statut du pays candidat. La Serbie a, en effet, rempli toutes les conditions qu'on exigeait d'elle, notamment la livraison des suspects de crimes de guerre réclamés par le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et l'ouverture d'un dialogue avec Pristina.

Mais les tensions persistantes, voire croissantes, dans le nord du Kosovo ont pesé sur les dernières semaines. Les dernières échauffourées qui ont fait plusieurs blessés parmi les troupes allemandes n'ont fait qu'encourager Angela Merkel, la chancelière allemande, à durcir sa position. Elle exigeait de la Serbie. Mais plusieurs pays, notamment la France ou les pays voisins comme la Hongrie, militaient pour la reconnaissance du statut du pays candidat.

A l'approche des élections (prévues en mai de l'année prochaine), le risque d'une radicalisation est réel. Et la récente conclusion d'un accord sur les postes frontières entre Belgrade et Pristina incite à un relatif optimisme. Les 27 ont donc bricolé une nouvelle procédure.

Une évaluation en forme de pression

Une évaluation va être réalisée. Elle sera conduite sous l'egide des ministres des Affaires européennes. Les critères de cette évaluation sont deux ordres. L'un est d'ordre politique et juridique : il s'agit de la poursuite du dialogue entre les deux voisins balkaniques, le règlement de la question de la présence du Kosovo dans les enceintes régionales ou internationales ainsi que la bonne application des mesures déjà prises (postes frontières...). L'autre est plus physique et délicat. Il s'agit d'obtenir la levée des barrages dans le nord du Kosovo et le respect de la libre circulation dans cette partie contestée. Le travail des policiers, juges et douaniers d'Eulex devra aussi être rendu possible. Cette méthode a l'avantage « de renforcer la pression sur Belgrade », a expliqué à B2 un diplomate européen. « Il ne s'agit pas d'avoir des mesures dans 1 ou 2 ans. Mais rapidement. Février est très proche. Et le dialogue entamé doit se poursuivre. Les deux parties, Serbes comme Kosovars, doivent aussi mettre en oeuvre ce qu'ils ont convenu. C'est important »

Le pouvoir de dire oui

La décision sera prise en février, au conseil des ministres des Affaires générales. Ce seront les ministres qui auront tout le pouvoir, d'accepter le statut de pays candidat pour la Serbie. Et ce résultat sera endossé ensuite par le Conseil européen dès le mois de mars. « Cette décision sera automatique » a précisé Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, qui aurait préféré pouvoir « dire welcome à la Croatie et, le même jour, dire welcome au statut de pays candidat Serbie. C'est important pour la stabilité de la Serbie, de la région et de l'Europe toute entière » a-t-il expliqué.

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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