S’intégrer ou mourir, selon Sikorski
(BRUXELLES2) "S'intégrer davantage ou mourir", c'est le slogan de Radoslaw Sikorski, dans un important discours délivré hier soir à Berlin. Le ministre polonais des Affaires étrangères - dont le pays préside aux destinées de l'Union européenne ce semestre - propose un nouveau pas fédéral en donnant plus de pouvoir à la Commission et au Parlement européen. « Si nous ne voulons pas risque un démantelèment partiel de l'UE, alors le choix commence à devenir aussi marqué que dans la vie des fédérations, il n'y a pas d'autre choix ».
L'Europe une superpuissance en devenir
A l'image du processus qui a mené à la création de fédérations fortes comme les Etats-Unis ou la Suisse, Sikorski prône un saut qualitatif. Si « nous pouvons agir ensemble, nous pouvons devenir une superpuissance ». Et l'Europe pourrait se situer dans un partenariat égal à celui des Etats-Unis (et) préserver sa puissance, sa prospérité et son leadership dans l'Occident". Il appuie son propos de nombreuses références historiques. A commencer par l'histoire polonaise, quand l'unanimité du mode électif royal a rendu l'Etat polonais incapable, au 17e et 18e siècles de réagir rapidement et fortement aux agressions extérieures. Mais il ne dédaigne pas non plus dans des références au passé de nombreux voisins, comme ce mot de Massimo d'Azeglio à la création de l'Italie moderne : « L'Italie est faite, nous devons faire des Italiens ».
Une pique sur le Royaume-Uni
Au passage le ministre tacle les Britanniques: un pays qui a beaucoup apporté à l'Union : « un langage commun, le marché unique, le lien avec l'Atlantique » - mais qui ne joue pas assez le jeu selon lui. « Aujourd'hui votre dette souveraine et privée atteint 400% du PIB, croyez-vous que les marchés voteront toujours pour vous. Nous vous préférerions à l'intérieur, mais si vous ne pouvez pas vous joindre à nous, laissez nous aller de l'avant. Et s'il vous plait, expliquez à votre peuple que les décisions européennes ne sont pas des diktats de Bruxelles mais le résultat d'accord auxquels vous participez librement. »
Des réformes institutionnelles
Sikorski propose une série de réformes institutionnelles, pour permettre à l'UE d'agir plus efficacement. La Commission devrait ainsi être constituée sur une base plus restreinte au lieu de compter 27 membres - "on est plus productifs avec 12 personnes qui participent" - avec rotation des Etats membres, prône-t-il (une réforme prévue par le Traité de Lisbonne mais abandonnée sous pression irlandaise). Le président de la Commission devrait être aussi le président du Conseil européen, ainsi que l'a suggéré déjà Angela Merkel. Une partie des élus au Parlement européen devraient être élus directement par le peuple (demos) européen. Il critique le principe des réunions séparées de la zone Euro estimant plus juste d'avoir des réunions où les 27 pourront être présents mais seuls les membres de la zone Euro voteraient les décisions concernant exclusivement celle-ci.
Commentaire : Un discours intéressants, des références historiques pas négligeables. Mais des propositions concrètes qui ont un air de déjà vu et ne s'attaquent pas à toutes les problématiques institutionnelles. Quid d'une légitimité de la Commission aussi réduite ? Les grands Etats (y compris la Pologne) accepteront-ils de n'avoir aucun commissaire durant cinq ans ? Plutôt que le nombre de représentants, le plus important n'est-il pas le mode de nomination, par exemple que chaque Etat ne propose pas un nom mais 2 ou 3 noms, et qu'ils soient choisis/élus ensuite par le Parlement ? Quid du fonctionnement du Conseil ? Quid de l'association des assemblées nationales ; un parlement européen même renforcé aura toujours besoin d'un support démocratique national ?... etc.
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