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L’opération Eunavfor Atalanta en dessous de la ligne rouge début 2012

(BRUXELLES2) Le général suédois Håkan Syren, qui préside le comité militaire de l'UE, l'a confirmé aujourd'hui officiellement, à l'issue d'une réunion avec les autres chefs d'Etat-Major européen des "27". Les moyens affectés à l'opération anti-piraterie Eunavfor Atalanta sont au « niveau minimal en matière de navires et avions de patrouille maritime. (Mais) nous serons au-dessous de cette limite minimale (fixée à 4-6 navires présents sur zone), début 2012, essentiellement en janvier-février 2012. Nous serons sortis de la ligne rouge en mars », a expliqué le général répondant à une question d'une confrère d'Europapress. « La cause de cette faiblesse : l'économie (la situation économique). Bien sûr, il y a eu d'autres engagements comme en Libye. Mais en fait, en premier lieu, ce sont les conditions budgétaires qui dictent cette position » a-t-il complété.

Le niveau d'alerte est franchi

Ce n'est pas la première fois que le général alerte sur la nécessité d'avoir davantage de moyens affectés à l'opération européenne. Mais c'est la première fois qu'il donne des précisions chiffrées. Jusqu'ici du moins publiquement, il se contentait de dire "ca va à peu près". Cet aveu confirme les différentes informations qui nous sont parvenues. On sait effectivement que les différentes conférences de génération de force n'ont pas montré l'enthousiasme à prendre les différents slots de présence dans l'Océan indien qu'elle avait rencontrée précédemment.

Peu d'Etat participent, souvent les mêmes

Les pays ne se bousculent pas au portillon. Et on retrouve toujours les mêmes : Français, Allemands et Espagnols essentiellement. Les Grecs et Italiens sont en prise à des difficultés financières. Les Danois ne participent pas aux opérations militaires européennes et mettent leurs moyens dans l'opération de l'OTAN. Les Britanniques qui participent à l'opération - avec leur quartier général à Northwood - montrent plus que de la mauvaise volonté à fournir des moyens navals. Quant aux différents pays d'Europe de l'Est, la Pologne en tête, ils ont choisi tout simplement de ne pas participer, ou si peu... (à l'exception notable de l'Estonie), même si de nombreux marins de leur nationalité servent sur des navires croisant dans l'Océan indien et en mer d'Arabie. 

Coté des pays extérieurs, la Norvège - qui a participé au début de l'opération - préfère mettre ses moyens dans l'opération Ocean Shield de l'OTAN. L'Ukraine - après maintes hésitations n'a pas confirmé son engagement - au-delà de quelques officiers. 

Chou blanc pour les équipes VPD

Faute de navires, le général Syren avait tenté au moins d'obtenir des pays qui ne fournissent pas de navires, de pouvoir engager quelques équipes de soldats, afin de servir d'équipes embarquées (VPD), très utiles surtout pour les navires du PAM (programme alimentaire mondial) ou de l'AMISOM, car ils permettent d'assurer une sécurité quasi-équivalente, avec largement de moyens. Là encore chou blanc. Seuls Malte et l'Estonie ont accepté actuellement des équipes. Les Maltais sont basés actuellement sur le navire néerlandais de ravitaillement HNLMS Zuiderkruis.

Des militaires de l'Amisom

Faute de solution européenne, on envisage coté militaire de pouvoir utiliser des militaires de l'Amisom qui seraient spécialement formés pour cela. « Accompagner des navires n'est pas très difficile pour des militaires. Il faut apprendre quelques notions de navigation. Et apprendre à tirer à bon escient » (en gros pas dans le tas) ; c'est-à-dire utilise la dissuasion plutôt que la neutralisation.  

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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