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Trois projets concrets pour les “Weimar”

Le Boxer allemande (crédit : Bundeswehr)

(BRUXELLES2 à Varsovie) Trois thinks tanks se sont regroupés pour présenter des propositions pour la coopération en matière de défense dans le cadre du triangle de Weimar (France, Allemagne, Pologne). Jean-Pierre Maulny (IRIS), Marcel Dickow et Hilmar Linnenkamp (SWP), et Marcin Terlikowski (PISM) viennent de publier « Weimar Defence Cooperation - Projects to Respond to the European Imperative » Document qui a fait l'objet d'une discussion à Varsovie lundi (14 novembre). Ces trois centres de recherche ont voulu montrer trois projets concrets - hors ceux déjà engagés (comme les hélicoptères) - qui permettraient aux trois pays d'unir leurs efforts, à court, moyen ou plus long terme. Une initiative que je trouve très intéressante car loin des analyses générales, elle s'attache à trouver des projets concrets, à mettre en oeuvre plus en rapidement.

Le renforcement des battlegroups est le premier d'entre eux

La création du Weimar Battlegroup à titre semi-permanent serait efficace, selon eux. Avec une spécialisation des fonctions : le soutien médical aux Français, la logistique aux Allemands, le système C3 (commandement, contrôle et communications) resterait effectué en coopération. Mais le but du trio de Weimar est d'avoir « des éléments intégrés pour bâtir graduellement une architecture C3 commune » dans le cadre du projet "battlegroup Plus". On pourrait même envisager - explique un officiel polonais - que le commandement du FHQ à Ulm soit quasi-permanent. Les auteurs estiment que cette coopération devrait être supportée par un "petit secrétariat".

2e projet : une plateforme commune pour les avions sans pilote (MALE)

Projet d'avenir mais sensible quand on sait que les Français et Britanniques ont commencé une coopération sur le sujet. Mais l'utilité d'un UAV ne saurait se limiter aux aspects militaires. Il pourrait aussi être utile dans la sécurité : surveillance des frontières notamment (une étude de concept est déjà engagée sur ce point à l'agence européenne de défense) ou reconnaissance lors de catastrophes naturelles ou technologiques (on pense à l'accident nucléaire de Fukushima). Les "Weimar" pourraient introduire un projet de recherche commun dans le cadre des projets de catégorie B de l'agence européenne de défense.

3e projet : les blindés.

Sujet aussi épineux. On comptait jusqu'à peu 23 projets différents pour 27 Etats membres. Autant dire une pléthore qui ne pourra pas durer éternellement. Les Allemands veulent acheter le Puma, la France a développé le VCBI et la Pologne veut remplacer ses BMP1 post-soviétiques par un nouvel AFV. Mais personne ne semble vouloir renoncer à ce qui pourrait faire son industrie de demain. Le "terrestre" est un sujet auxquel tiennent les Polonais qui ont, eux aussi, une industrie qu'ils voudraient bien préserver. Là aussi il y a une opportunité, estiment les auteurs de la note. Le temps du « je peux le faire tout seul » paraît révolu. Les gouvernements du triangle de Weimar devraient proposer l'établissement d'un groupe de coordination stratégique sur les véhicules blindés, estiment les auteurs de la note.

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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