Panetta rappelle les Etats européens à leurs obligations (Maj)
(BRUXELLES2) Invité à la Fondation Carnegie Europe, le 5 octobre, le nouveau secrétaire d'Etat à la Défense, Leon Panetta, a emprunté le chemin tracé par son prédécesseur, Robert Gates, dont les derniers mots ont été un dur, et parfois juste, reproche pour ses alliés. « Il y a une erreur à penser que la défense américaine va continuer de compenser les budgets, en rétractation, des autres partenaires de l'OTAN », a-t-il ajouté. Et les discussions budgétaires en cours aux Etats-Unis vont avoir « des conséquences significatives pour les capacités de l'OTAN ». L'homme qui parle connaît particulièrement bien le sujet : Leon Panetta a été président de la Commission du budget et a dirigé l'Office of Management and Budget (OMB).
La défense américaine est engagée dans un effort sans précédent, ainsi qu'il l'a rappelé quelques jours plus tard, devant le Woodrow Wilson Center à Washington. « Le Département a déjà mis en œuvre plus de 150 milliards $ d'économies avec des initiatives lancées l'année dernière visant à l'efficacité et la rationalisation. Nous envisageons un objectif de 60 milliards $ d'économies supplémentaires au cours des cinq prochaines années, ce qui ne représente encore qu'une petite fraction de l'épargne totale requise pour suffire aux réductions budgétaires que nous avons à affronter ».
Si vous voulez découvrir la philosophie de l'homme qui est aux manettes de la défense US aujourd'hui, il n'est pas donc pas inutile de lire ces deux discours de façon approfondie. D'autres passages sont en effet intéressants, notamment sur l'inflexion de la stratégie américaine face aux noouvelles menace.
Cibler les coupes et préserver une base industrielle
Les coupes devront être « soigneusement ciblées pour éviter des lacunes dans la force, pour s'assurer que nous maintenons une base industrielle robuste, et pour protéger les nouvelles capacités militaires dont nous avons besoin » explique Panetta. Mais nous devrons envisager « d'accepter des niveaux réduits de la modernisation dans certains domaines, soigneusement cernés par une stratégie et une analyse rigoureuse. De plus, nous devons regarder à la réforme des marchés publics pour améliorer la concurrence, le contrôle des coûts et de livraison. »
La crise économique européenne, une menace
Ce qui est aussi intéressant dans son exposé, c'est la liste des « menaces à la fois anciennes et nouvelles » qu'il énonce. Certaines sont effectivement classiques : « du terrorisme à la prolifération nucléaire, des Etats voyous aux cyberattaques ». Mais d'autres sont plus récentes et nouvelles dans le discours américain « des révolutions dans le Moyen-Orient à la crise économique en Europe à la montée de nouveaux pouvoirs comme la Chine et l'Inde ». NB : Il est intéressant de voir que la crise économique européenne est inscrite au rang des menaces générales coté Atlantique. Une vision sans doute plus large que celles de la plupart des dirigeants européens qui sont actuellement le "nez sur le guidon" et n'ont en ligne de mire que le triple AAA ou le spread du jour.
Le rejet du déclin américain
Panetta rejette aussi l'idée d'un déclin américain. « Comme quelqu'un qui a vu l'Amérique surmonter de grands défis dans le passé et aujourd'hui, je rejette (cette) idée que certains ont d'une Amérique qui est en déclin. Mes parents immigrés m'ont appris qu'en Amérique, il n'y aucun défi qui ne puisse être surmonté par une population qui veut travailler et se battre pour ce qu'elle estime juste ».
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