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La fin d’un feuilleton, pas du film

Huit partis ont scellé hier un vaste accord de réforme de l’État Belge après 485 jours de négociation. Mais tout n’est pas fini...

Des hauts et des bas, des portes claquées avec éclat, des retours plus discrets, deux divorces politiques (entre nationalistes flamands du N-VA et Chrétiens-démocrates du CD&V, entre militants ultra du FDF et Libéraux francophones)... Il ne manquerait aucun ingrédient à un scénariste pour fabriquer une bonne série télé traînant en longueur. Même pas des douleurs personnelles - trois décès parmi les proches des négociateurs – ou d’heureux évènements. Une naissance il y a quelques jours, une autre à venir.

Soulagés

Entourant Elio di Rupo, le négociateur en chef PS, futur Premier ministre, les Huit chefs de partis participant à la négociation étaient donc tout sourires, hier, sous les lustres des salons de la Chambre des députés. Soulagés, satisfaits, ils arboraient tous sous le bras, un même document. Cet « accord institutionnel pour la sixième réforme de l’État » décrit en 75 pages ce que sera « la Belgique de demain ». Un pays « qui sera très différent de la Belgique d'hier » a commenté Di Rupo. La Belgique sera alors un État plus proche de l’Allemagne voire de la Suisse que de la France ou du Royaume-Uni.

Une réforme de l’Etat

Cet accord est, en effet, un savant dosage entre les revendications flamandes d’autonomie et les volontés des francophones de garder certains liens de solidarité. Il entérine ainsi la disparition de la dernière circonscription électorale qui regroupe flamands et francophones autour de Bruxelles. Mais prévoit un refinancement des entités fédérées. Il délègue aux Régions (Flandre, Bruxelles, Wallonie) ou aux Communautés (francophone, germanophone, flamande) d’autres compétences comme les allocations familiales, une partie du code de la route et de la politique judiciaire de la jeunesse. Mais pas toutes. Les Régions et Communautés seront « plus autonomes et plus responsables » tandis que l'État fédéral sera « plus compact », selon Di Rupo.

Tout n’est pas fini

Les Huit doivent encore négocier un dernier point, le programme socio-économique du futur gouvernement. Pas simple ! Faire avaliser un programme drastique d’austérité et d’augmentation des impôts à des partis que tout divise, de la droite à gauche, est une autre prouesse. Et, pour former le gouvernement, les couteaux sont déjà sortis. Le parti libéral flamand ne veut pas des Ecolos au gouvernement. Soit c’est eux, soit c’est moi, a lancé le jeune leader des Libéraux, Alexander de Croo. Avant que la Belgique sorte de l’impasse la plus longue de son histoire, il restera encore quelques jours, et nuits, à « travailler ensemble ».

Nicolas GROS-VERHEYDE.

(article publié dans Ouest-France le 12 octobre 2011)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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