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Mort de Kadhafi : l’UE salue la fin du despote, appelle à ne pas rater la réconciliation

(BRUXELLES2) La nouvelle est tombée sur les "téléscripteurs" en début d'après-midi. "Mouammar Kadhafi" a été capturé par les forces du CNT, puis Kadhafi est blessé et enfin (peu avant 15h) la confirmation de sa mort. Ce qui a suscité inévitablement un long soulagement largement perceptible dans plusieurs capitales européennes.

La fin d'une ère de despotisme

A Bruxelles, les premiers à réagir ont été Herman Van Rompuy et José-Manuel Barroso, les respectifs présidents du Conseil européen et de la Commission européenne. Cela "marque la fin d'une ère de despotisme et de répression durant laquelle le peuple libyen a souffert si longtemps. Aujourd'hui La Libye peut tourner une page de son histoire et embrasser un nouveau futur démocratique" ont-ils déclaré dans un texte commun. "Nous appelons le Conseil national de transition à poursuivre un processus de réconciliation aussi large que possible, qui s'adresse à tous les Libyens et permette une transition transparente, pacifique et démocratique dans le pays" ont-ils ajouté.

"Dix mois de sacrifices extraordinaires"

De son coté, la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton a salué d'abord la victoire de la population libyenne. "La chute de Syrte marque la fin de l'ère Kadhafi. la Libye est maintenant sous le plein contrôle des forces du Conseil national de transition. Après dix mois de sacrifices extraordinaires, le peuple libyen peut dire avec fierté et confiance qu'ils se sont débarrassés d'un régime qui (les) terrorisait et opprimait depuis plus de 40 ans.  Ils peuvent maintenant regarder le futur" (...) Si les rapports sur la mort du Colonel Kadhafi (sont) confirmés, sa mort met fin à une tragique période pour les vies de nombre de Libyens."

Sanctionner les crimes du passé c'est bien, se réconcilier demain c'est mieux

La Haute représentante a tenu cependant à souligner tous les défis que se présentent aujourd'hui au gouvernement libyen. "La Libye entre dans un processus de transition. Il est important que son leadership travaille à construire un futur démocratique pour le pays dans le plein respect des droits de l'homme. Tandis que les crimes du passé doivent être abordés; ses dirigeants doivent aussi chercher la voie d'une réconciliation nationale."

L'UE présente à vos cotés, hier et aujourd'hui

Catherine Ashton a aussi voulu souligné l'engagement européen aux cotés des Libyens, hier, aujourd'hui et demain. "L'Union européenne a soutenu le peuple libyen durant toutes ces luttes. Nous avons été présents à Tripoli et Benghazi. Nou avons fourni une assistance humanitaire substantielle. Nous avons déjà soutenu la société civile et nous travaillons maintenant avec les partenaires internationaux pour répondre aux besoins post-conflit de la Libye. L'UE restera engagé de façon forte dans le futur."

Commentaire : On ne peut être qu'étonné que dans un tel moment, assez solennel, les dirigeants européens cherchent encore à se démarquer en faisant chacun leur déclaration. Il est relativement peu fair play pour H. Van Rompuy et J.M. Barroso de griller ainsi la politesse à Catherine Ashton dont c'est plutôt la tâche en tant qu'Haute représentante d'assurer la voix de la représentation extérieure de l'UE. C'est un peu faire comme si le Traité de Lisbonne n'existait pas.

Je n'ai pas pour habitude de tresser des louanges à C. Ashton. Mais sur la question libyenne la Haute représentante a joué un jeu qui n'était pas facile dans un concert européen qui ressemblait parfois à une sombre cacophonie. Et le service diplomatique n'a pas démérité. Au contraire. La déclaration d'Ashton le prouve. Certes elle a mis quelques minutes de plus à me parvenir (c'est vrai). Mais elle est beaucoup plus intéressante, profonde et balancée que les 2 phrases à l'emporte-pièce de ses deux co-responsables masculins...

NB : on aurait pu souhaité que l'un et l'autre, quand ils étaient Premier ministre de la Belgique et du Portugal, aient tenu un langage aussi dur sur Kadhafi... Il est facile de dénoncer les despotes quand ceux-ci ont perdu le pouvoir et sont passés de vie à trépas. Il est moins facile de le faire quand ils sont bien vivants et en poste.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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