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Débat surréaliste à Wroclaw sur la Libye : « chacun regardait ses chaussures »

(BRUXELLES2 à Wroclaw) A la réunion des ministres de la Défense de l'Union européenne à Wroclaw (Pologne), l'ambiance était « un peu pesante » s'est confié le ministre français de la Défense, Gérard Longuet. Au sortir du dîner, avant de reprendre l'avion pour Paris, "sénatoriales oblige", le ministre s'est confié à quelques journalistes, dont 'B2'. A l'entendre, la réunion avait un côté assez surréaliste. « On avait l’impression, à entendre l'ordre du jour, qu’il ne s’était rien passé ». Autrement dit, l'intervention armée de quelques pays de l'Union européenne en Libye était passée sous silence.

Le regret, inavoué, d'être passé à côté de l'histoire

« La plupart des pays n’ont pas joué de rôle dans la Libye. Et chacun regardait un peu ses chaussures - sauf la France, les Britanniques, la Belgique ... les Pays-Bas - en se disant qu'ils étaient passés, à un moment, à côté de l'histoire, se demandant comment ils pourraient faire maintenant, sans vraiment savoir comment faire ». Coté français, on est bien conscient que pour la Politique européenne de sécurité et de défense n'est pas sortie par le haut de cette épreuve. « On ne peut dire qu'une initiative bilatérale, pour appliquer la résolution des Nations-Unies, soit vraiment la consécration de la politique de défense européenne ».

Une future mission de l'UE en Libye... un voeu pieu

La prolongation de la mission de l'OTAN en Libye, de 90 jours supplémentaires, devrait être « suffisante », a souligné le ministre. « Le rôle de l’OTAN c’était d’éviter que des forces civiles ne menacent. Cette mission est maintenant quasiment assurée. » « Pour faire émerger un État de droit complet, durable c’est autre chose. Et ce n'est pas le rôle de l'OTAN. »

Quant à une nouvelle mission européenne maintenant en Libye, le ministre est pour le moins sceptique... (c'est le moins qu'on puisse dire). « Ce que la structure européenne avait imaginé était un affichage assez fort sur la gestion des frontières ». Mais encore faut-il que le Conseil national de transition soit demandeur. Or, apparemment ce n'est pas le cas, même pour des sujets comme le désarmement. « « Il faut accompagner la Libye, dans la mesure où elle le demande, dans le respect de la pleine responsabilité du CNT à qui il appartient ses objectifs. (...) Je n’ai pas ressenti le besoin du CNT de voir quiconque se mêler des moyens d’autorité. Il ne veut même pas de forces de police. » Résultat, du coté de l'UE « On en reste aux vœux pieux. (...) Car l’UE n’est pas un acteur de complicité immédiate du nouveau pouvoir. »

L'Europe une structure à réflexion lente

Pour Gérard Longuet, « L’Europe c’est une machine assez lourde, et en même temps très puissante. Les options que le Royaume-Uni - France ont exprimé (en Libye) c’est une capacité de réaction rapide avec des moyens, somme toute modestes, mais décisifs. Manifestement, ce n’est pas le fonctionnement de l’Union européenne qui déroule des procédures complexes, plus lentes, en définitive bien adaptées à des tâches civiles. » Dans cette optique, a-t-il ajouté, un rien ironique « L’Europe est partie pour un long partenariat avec la Libye mais à son rythme »

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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