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Une mission exploratoire prête à partir. Les maitres-mot de l’aide européenne

(BRUXELLES2) Une mission exploratoire de l'Union européenne est prête à partir en Libye, à Tripoli, dès que cela sera possible, pour examiner l'aide européenne possible. La Haute représentante de l'UE, Catherine Ashton, l'a confirmé lors d'un point de presse tenu en fin d'après d'après-midi. « Nous nous préparons à envoyer très vite une mission pour vérifier les besoins. Il faut être prêt à répondre à tout ».

Cette mission, selon nos informations, pourrait comprendre entre 4 et 8 personnes, représentant les différentes composantes de la possible assistance européenne (des gens du développement et du SEAE, de la planification des missions de PeSDC, de la délégation voisine de Tunis). Elle pourrait partir « aussitôt que possible » « Demain s'il le faut » a précisé un proche de Catherine Ashton. NB : Précisons qu'à Tripoli, l'UE est représentée par l'ambassadeur hongrois - la mission diplomatique hongroise n'a jamais fermé ses portes, même si les conditions d'exercice étaient parfois très difficiles et limitées au minimum.

Les maitres mots de l'aide européenne

Mais cette aide européenne obéira à plusieurs maitres-mots. 

1° Partir des besoins des Libyens. Il faut « évaluer précisément avec les Libyens ce qu'ils souhaitent » et fournir les « besoins que les Libyens attendent ». Il est important que tous les Libyens soient maitres de leur destin » a précisé Lady Ashton.

2° Une action sous l'égide de l'ONU. L'Union européenne place son rôle sous l'égide des Nations-Unies plutôt que de certaines initiatives multinationales. Catherine Ashton assistera ainsi à « la réunion du groupe du Caire ce vendredi à New York » (Nb : elle partira jeudi de Bruxelles).

3° La coordination des efforts des Etats membres. « Le maitre mot est la coordination pour canaliser toute l’aide des Etats membres. Nous mettons en place en quelque sorte une chambre de compensation pour apporter aux Libyens ce qu'ils attendent, en mobilisant toute la gamme de nos instruments ».

Plutôt qu'une aide économique directe, une assistance au redémarrage

Sur 'aide économique éventuelle, elle n'est pas automatiquement nécessaire. Il est évident que la Libye - avec son potentiel de ressources - n'est pas dans la même situation que d'autres pays. « L'assistance économique apportée à la Libye ne sera pas la même que celle d'une économie qui repart de zéro. (...) Je n'anticipe pas une aide économique supplémentaire. » Il s'agit davantage d'aider le nouveau pouvoir à remettre en marche l'économie libyenne. Le plus urgent - a expliqué un haut responsable européen - sera certainement « l'approvisionnement en pétrole et en électricité car sans cela on ne peut rien faire, ni soins dans les hôpitaux, ni l'approvisionnement en eau ou en vivres ».

Le dégel des avoirs en bon ordre et selon un processus transparent

Le dégel des avoirs libyens est bien sûr sur toutes les lèvres. Mais la Haute représentante de l'UE y a mis une condition : l'accord de Nations-Unies. Elle ne cache pas non plus qu'il y a un « grand défi » pour réaffecter ses ressources « selon un processus qui devra être ouvert, transparent, pour rebâtir une structure d'Etat, payer les fonctionnaires ». Les Etats membres sont prêts à le faire, la réunion des ambassadeurs du COPS l'a prouvé. Selon un expert du dossier, qui s'est confié à B2, si accord des gouvernements, cela peut intervenir assez vite, sans une nouvelle réunion, au besoin par une procédure écrite.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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