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Au déjeuner des 27 : comment mieux porter la voix pour l’Europe ?

Réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE (Crédit : Conseil de l'UE, mars 2011)

(BRUXELLES2) Comment mieux organiser la réponse extérieure de l'UE ? Comment améliorer les relations entre les délégations UE et les ambassades des Etats membres sur le terrain ? Quelles relations le service diplomatique doit-il entretenir avec la Commission européenne et le secrétariat du Conseil ? Quelles sont les ressources financières et en personnel nécessaires ? ... Voici quelques unes des questions qui tiendront lieu de plat de résistance pour le traditionnel plateau repas des 27 ministres des Affaires étrangères, ce lundi (23 mai) à midi. Une discussion nourrie par plusieurs "non paper" de différentes délégations notamment l'Autriche et le Benelux. Ces pays estiment que la politique étrangère de l'Union reste entre trop timide. L'échange d'informations entre l'UE et les Etats membres est limité, les contacts sur le terrain entre ambassades des Etats membres et la délégation de l'UE devraient être renforcées... A mi-voix, ils critiquent également le fonctionnement des services de la Haute représentante, un organigramme du SEAE illisible (où les compétences sont enchevêtrées), les communiqués à répétition où chacun son tour (Van Rompuy, Barroso, Ashton, les Etats membres) font des déclarations plus ou moins identiques, etc.

Un agenda des réunions qui soit réaliste

La Haute représentante de l'UE devrait aussi mettre sur la table ses propres idées pour renforcer l'efficacité et le fonctionnement du Conseil des Affaires étrangères, explique un diplomate européen. « Il faut définir un agenda des réunions qui soit réaliste, ne pas ajouter de manière démesurée des points à l’ordre du jour, pour pouvoir traiter les points plus en profondeur. Il faut faire que sur chaque point, on se focalise sur 2-3 questions à retenir. Il faut éviter de vouloir parler de tout et... de  rien en définitive, essayer de faire preuve de discipline dans les interventions, réduire le temps des interventions...». Il n'est pas question de limiter le temps de façon impérative (pas encore :-)), mais une montre a déjà été mise en place pour sensibiliser les ministres, pour « voir le temps qui s'écoule ».  Autre piste de réflexion : définir « un jour dans le mois qui serait consacré au conseil des ministres des Affaires étrangères (Nb : par exemple le 3e lundi du mois), permettant à chaque ministre de s’organiser par avance », le conseil commençant alors le matin à 9h et se terminant après le déjeuner.

La question des communications sécurisées, un détail qui a son importance

L'arrivée du nouveau service, et la montée en puissance des délégations au rang d'ambassades, ont aussi entraîné toute une série de questions qui ne se posaient pas auparavant, reconnait cet interlocuteur bien au fait des dossiers : « Comment développer les analyses en commun, faire des démarches en commun, comment l’UE peut apporter une contribution au travail et à la bonne connaissance des pays qui n’ont pas de représentation diplomatique, comment tout simplement échanger des informations sécurisées.... C’est un travail de longue haleine ». Par exemple, « Au fur et à mesure qu’on renforce nos délégations avec des unités politiques, se pose la question des réseaux de communications sécurisées. Pour l’instant, sur les 135 délégations, il n'y en a que 20 qui ont des réseaux sécurisés. » Il donc falloir booster le travail pour mettre en place des moyens techniques à disposition des délégations. « Quand on dit ça (le SEAE) va prendre du temps, effectivement ça va prendre du temps. »

La question du budget : une question délicate

Toutes les délégations ne sont pas cependant sur la même longueur d'ondes. Le ministre des Affaires européennes, David Lidington, a déjà averti que la position de son pays resterait ferme. « Le service extérieur devrait limiter sa représentation des Etats membres dans les zones agréées. » a-t-il souligné devant le parlement national. Le ministre compte d'ailleurs saisir cette opportunité pour répéter « son opposition à l'augmentation prévue du budget de 5,8% (27 millions d'euros) pour 2012 » estimant que le service doit d'abord « produire un plan convaincant d'économies pour rester dans la ligne de la neutralité budgétaire ». En quelque sorte, si vous voulez de nouveaux postes, supprimez-en ailleurs.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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