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Upgrader les hélicoptères de type Mi: une belle idée. Mais sans argent

(BRUXELLES2) Quand on écoute les responsables politiques européens vanter les mérites de l'hélicoptère — cette mule à tout faire de l'armée moderne, capable de se poser partout et d'effectuer toutes les missions possibles (arrestation en Somalie, évacuation sanitaire au Tchad, transport de troupes, combat, etc.) — et expliquer qu'il faut absolument renforcer les capacités opérationnelles européennes en la matière, on peut se dire que les mêmes vont mettre les moyens pour pallier à ce déficit.

Un beau et vrai projet d'intérêt général

Quand on voit que les Etats européens se mettent d'accord pour mettre sur pied un programme pour former les pilotes d'Europe de l'Est et upgrader leurs matériels de fabrication russe de type Mi (Mi 8 etc.), afin qu'ils soient opérationnels pour des missions extérieures, on se dit que c'est intéressant. Autant utiliser les pilotes et les hélicoptères déjà disponibles pour les rendre plus opérationnels aux missions de stabilisation de paix ou d'interposition. Une formation des pilotes tchèque, hongrois, polonais au vol de montagne vient d'ailleurs de démarrer le 9 mars sur la base de Gap-Tallard (avant de partir pour l'Afghanistan). Quand on sait qu'il s'agit d'une initiative franco-britannique, réalisée en commun entre l'Otan et l'UE, on se prend à rêver et dire : enfin, un vrai projet commun d'intérêt
général.

Sans vraiment de moyens financiers

Mais quand on voit la réalité, c'est plus limité. A Prague, lors de la réunion informelle des Ministres de la Défense, le directeur de l'Agence européenne de défense, très disert quand il s'agit d'expliquer le programme est, tout d'un coup, devenu silencieux quand des journalistes lui ont demandé le montant financier disponible. "Je n'ai pas les chiffres en tête" a-t-il expliqué. Silence très explicable. Le trust fund mis en place par les Français et Britanniques ne rassemble qu'environ 30-35 millions d'euros (25 millions selon certaines sources plus pessimistes). Quand on sait qu'au bas mot, la mise à jour d'un hélicoptère de type Mi (fabrication russe) pour voler dans des conditions d'opération extérieure classique coûte plusieurs millions d'euros (3-4 à 10-12 millions d'euros... par appareil, selon ce qu'on y met dedans), on a vite fait de faire le calcul. On pourra juste rendre opérationnels moins d'une dizaine d'appareils. Pas suffisant pour pallier aux manques actuels, criants, en matière d'opération militaire.

Encore une fois, l'Europe a une excellente idée. Mais la réalisation peine, faute de moyens financiers. C'est-à-dire, concrètement, de volonté politique.

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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