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Le “pooling and sharing”, nouvelles mamelles de l’Europe de la défense

(BRUXELLES2, exclusif) Aaaah... le pooling and sharing (mutualisation et mise en commun), vous allez en entendre parler ces jours-ci. Et régulièrement. Ce sont, en effet, les deux nouvelles 'mamelles' de l'Europe de la Défense. Elles s'imposent aujourd'hui, dans tous les discours et toutes les capitales, crise budgétaire et restrictions obligent, mais il est encore difficile de tracer quelques conséquences concrètes. Trop tôt sans doute. Et les résistances dans les capitales, dans les Etats-Majors notamment semblent encore nombreuses. Les ministres de la Défense, en discuteront, cet après-midi. Mais le projet de conclusions, que 'B2' a pu lire, se veut consensuel.

Un conseil extraordinaire en septembre

Ce texte bâtit une première ambition politique. Mais rien de très concret, en effet, si ce n'est un engagement de suivre la situation de très près et d'y consacrer un conseil des ministres « extraordinaire, où les États membres pourront déclarer leurs intentions à l'égard de nouvelles initiatives de coopération ». Rendez-vous est ainsi pris, pour l'automne 2011, sous la présidence polonaise, pour cette première revue de détail. En attendant, les ministres fixent quelques lignes directrices à cette coopération.

Une approche structurée

Il faut une « approche structurée et à long terme » de ces questions vont souligner les 27. Le 'pooling and sharing' - que ce soit au niveau multinational ou sur une base « régionale » (autrement dit bilatérale) est une « méthode clé pour préserver et développer les capacités militaires en Europe pour soutenir et améliorer la PSDC », la politique européenne de sécurité et de défense commune.

La valeur ajoutée européenne existe

Certes les Etats membres ont la responsabilité propre de définir et conduire ces politiques, mais il y a une « valeur ajoutée à effectuer ce travail au niveau de l'UE » ajoutent les ministres. Cela permet de dresser une « carte des coopérations en cours et à venir, d'identifier les meilleures pratiques, les modèles pour la coopération et les critères de réussite, de développer d'autres outils de soutien et d'avoir une expertise dans certains domaines comme l'interopérabilité et la normalisation ».

Quelques domaines privilégiés

L'approche européenne pourrait se concentrer sur quelques domaines privilégiés est-il précisé : la recherche et la technologie, les marchés publics, la maintenance, la logistique, l'éducation et la formation.

L'agence européenne de défense au coeur du dispositif

Pour ce travail, les 27 placent l'Agence européenne de défense au coeur de cette coopération, à charge pour elle « d'identifier les cas de mutualisation et de mise en commun possibles et d'analyser le potentiel des implications industrielles ». Le pooling and sharing pourrait passer « soit par l'extension de projets déjà existants à d'autres partenaires, soit par la mise en place de nouveaux projets de coopération », en s'appuyant sur les contacts « pris au niveau multilatéral par les chefs d'Etat-Major ».

Pas de groupe des sages mais un groupe d'experts volontaires

L'idée, un temps avancée, d'avoir un « groupe de sages » ou de « pairs » allant faire la tournée des Etats membres et préparant un rapport a été abandonnée. Plusieurs pays avaient déjà présentés des candidats et d'autres avaient été restés pour faire partie de ce groupe. Mais elle s'est heurtée à la réticence de plusieurs Etats membres. L'option retenue est donc pour l'Agence européenne de défense de bénéficier d'un soutien « d'experts de haut niveau » offerts par les États sur « une base volontaire ».

Coopération OTAN - UE

L'intérêt d'un contact étroit avec l'OTAN est aussi rappelé. Une coopération qui a déjà été entamée entre l'agence européenne de défense et l'ACT (l'Allied Command Transformation), son équivalent à l'OTAN. Coopération facilitée par le fait que les deux responsables — CF Arnould d'un coté, le général Abrial de l'autre — sont tous deux... français.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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