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EUTM : la mission doit continuer mais évoluer pour Arnaud Danjean

soldats somaliens en formation au camp de Bihanga (crédit : ministère espagnol de la Défense)

(BRUXELLES2) Le président de la sous-commission défense du Parlement européen, Arnaud Danjean s’est rendu en Ouganda, début mai, auprès de la mission de formation de l'UE (EUTM Somalia) avec une petite délégation d’eurodéputés — le tory britannique, Geoffrey Van Orden, les Roumains Petru Constantin Luhan (PPE) et Ioan Mircea Pascu (S&D) —. Et il revient plus satisfait qu’en partant. Il propose également de poursuivre la mission, en la complétant et la reformatant. D'un point de vue plus général, il estime que l'Europe devrait davantage développer une coopération sur les questions de sécurité. un point de vue intéressant qu'il serait intéressant de confronter avec celui des ambassadeurs du COPS (Comité politique et de sécurité) qui sont, à leur, tour en Ouganda ainsi qu'à Addis Abeba, au siège de l'Union africaine.

Un ratio coûts - bénéfices intéressant

« C’est vrai qu’au départ, j’étais non pas sceptique mais j’avais quelques interrogations sérieuses. Et ce que j’ai vu sur le terrain a éliminé ces doutes. Le rapport coût – bénéfices de cette mission est intéressant. Elle est plutôt légère en hommes, en équipements, ne coûte pas très chère. Et son impact va bien au-delà de la simple formation de militaires Somaliens ». Les Ougandais qui assurent la formation sur le camp aux côtés des Européens bénéficient également de cet apport, tout comme les Européens engagés dans cette mission. Pour beaucoup de pays, c’est la première fois en tant que telle qu’ils forment des troupes africaines, de manière opérationnelle. Au final, « chez nos partenaires africains, il y a un impact politique important. Ils voient l'Europe d'un autre oeil et non plus seulement à travers les actions de développement, mais aussi sur une autre facette, celle de la sécurité ».

Continuer la mission : oui, mais !

La dernière formation se termine normalement mi-août. Et la question se pose de savoir s'il faut fermer la mission ou la continuer. Pour le député européen, la réponse est Oui. « Il faut continuer la mission. Mais il faut l’ajuster sur deux points. L’UE n’est présente actuellement que sur un segment de formation, il serait souhaitable d’être plus intégrée dans toutes les phases de la formation, en amont (sur la sélection) comme en aval (sur la réintégration). En amont, on récupère en effet des contingents sur lequel on n’a pas de prises, il faut participer au tri et à la sélection. En aval, il faut peut-être s’impliquer sur le retour. Cela signifierait une présence sur le terrain (en Somalie). Mais cela ne signifie pas nécessairement avoir des gens au sol de façon permanente. On peut y être, de façon limitée ». La seconde évolution que préconise A. Danjean « concerne le contenu de la formation, il est nécessaire de se focaliser davantage sur le cadre. Une troupe même formée ne suffit pas, il faut un État major et une chaîne de commandement. »

Intégrer davantage la dimension sécuritaire

Plus généralement, l’eurodéputé estime que cette mission doit devenir un exemple de ce que pourrait faire l’Union européenne. Il faut « réfléchir à intégrer davantage la préoccupation sécuritaire aux questions de développement. Le Service européen d'action extérieure. Nous n’avons pas nécessairement besoin à chaque fois d’avoir une mission PSDC qui est un dispositif assez lourd». NB : ce pourrait être le travail de conseillers rattachés aux délégations. « La mission EUTM est un exemple de ce qu’on peut faire, pour le Sahel, la Côte d’ivoire. Ou la Libye demain. »

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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