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Régler la question chypriote devient urgent pour l’UE comme pour l’OTAN

Davutoglu (Turquie) et Rasmussen (Otan) à Berlin le 14 avril (crédit : Otan)

(BRUXELLES2/Opinion) On peut, ou non, partager la position du ministre turc Davutoğlu, exprimée lors de la réunion des ministres des affaires étrangères de l'OTAN, vendredi à Berlin (Lire: Entre l’OTAN et l’UE, Chypre sème le trouble. La Turquie met la pression. Mais elle est  intéressante à plusieurs points de vue.

Tout d'abord, elle éclaire la négociation sur l'adhésion des douze nouveaux pays d'Europe orientale et du sud dans le courant des années 1990. Ce de façon officielle. Si on en croit Davotoglu, un chantage grec à l'adhésion dans l'UE non assorti de mesures de rétorsion turque pour l'OTAN. On peut cependant se demander pourquoi cette atonie : pression américaine (sans doute) ou absence de volonté d'intégrer réellement l'Union européenne (comme le soutiennent certains observateurs de la Turquie).

Ensuite, elle résume bien l'impasse dans laquelle sont plongés les responsables occidentaux et européens. Tous les responsables qui se sont exprimés dans ce débat ont raison. Il y a un problème chypriote et turc entre l'Union européenne et l'OTAN. Tant que celui-ci ne sera pas résolu les relations des deux organisations seront viciées institutionnellement. Et il aurait bien mieux valu le résoudre avant que Chypre entre dans l'UE qu'après. C'est bien cette leçon d'une impasse qui a conduit les Européens aujourd'hui à être plus ferme avec la Croatie (dans son conflit de délimitation de frontières avec la Slovénie, qui ne peut cependant être mis au même rang que le conflit chypriote comme le fait le Turc) ou avec la Serbie et le Kosovo (en espérant que la politique de fermeté ait un réel effet et ne s'adoucisse pas au final).

En allant plus loin, on doit même se dire que la question turque devra impérativement être réglée, d'une manière ou d'une autre par l'Union européenne, en proposant sans doute aux Turcs une autre voie que l'adhésion qui semble bloquée non seulement à cause de Chypre et de la Grèce mais aussi par le refus de plusieurs pays (Allemagne, Autriche, France...). La formule mièvre de partenariat renforcé doit être retravaillée de façon plus politique. Pourquoi pas en travaillant autour de la question méditerranéenne qui devait, selon moi, être repensée avec la Turquie sur un pied d'égalité (Lire également : Fiction 2017 – Europe et Turquie fondent une nouvelle structure).

Bien entendu, plusieurs pays ont intérêt à s'abriter derrière le "Non" chypriote pour leur permettre de ne pas aller plus loin dans le règlement de la question chypriote, puis turque. Mais c'est une autre histoire. Le règlement du conflit chypriote, le retrait des troupes turques de l'ile est un problème européen, on l'oublie un peu...

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

2 réflexions sur “Régler la question chypriote devient urgent pour l’UE comme pour l’OTAN

  • PERRUCHE Jean paul

    La question turque concerne au premier chef les Européens, mais la relation UE-OTAN dépend avant tout de la position américaine: il suffit d’étendre le dialogue US-UE aux questions de défense et de sécurité pour surmonter la prise en otage de la relation UE-OTAN par le conflit turco-chypriote!

  • Costas MILTIADES

    On devrait rappeler à Mr Davutoglu quelques petites choses. Tout d’abord, aucun pays ne peut rejoindre l’UE par la porte de derrière. Deuxièmement, aucun pays qui nourrit l’ambition de rejoindre l’UE ne devrait avoir recours à des menaces à peine voilées et s’engager dans la voie du chantage à l’égard des Alliés ou de partenaires potentiels de l’EU. Troisièmement, la Turquie elle-même a négocié pendant longtemps le Nice Implementation Document et a bloqué depuis les relations UE-OTAN. Quatrièmement, l’Action commune sur l’AED est claire sur le sujet de la participation à l’Agence. Enfin, aucun autre pays n’a mieux réussi que la Turquie à garder l’UE et l’OTAN aussi éloignés l’un de l’autre au cours des sept dernières années.

    Une solution prochaine de la question Chypriote contribuera certainement à faciliter la coopération UE-OTAN. Cependant, on devrait rappeler à Mr Davutoglu que son pays n’est pas un simple spectateur dans ce processus. En tant que puissance occupante, la Turquie devrait s’engager sérieusement sur les sujets tels que la sécurité et les garanties, le retrait des troupes, les questions de propriété et des réfugiés, etc. Une solution proche bénéficiera à la Turquie elle-même : les négociations d’accession EU-Turquie seront bientôt à court de Chapîtres ….

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