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Opération humanitaire de l’UE en Libye. L’important : se hâter lentement !

(BRUXELLES2) Les discussions ont commencé très lentement dans les groupes de travail sur la possible opération humanitaire de la PeSDC aux alentours de la Libye (EUFOR Libya ?). Les discussions butent sur différents sujets. Si l'ONU et son office d'aide humanitaire (OCHA) ont demandé de façon informelle l'assistance de l'Union européenne, aucune demande formelle n'est encore parvenue dans les services de Cathy Ashton. Et notamment un format précis de l'aide demandée. Ce qui n'aide pas à définir et calibrer la nature de l'opération européenne. Autre difficulté : le financement des coûts communs sur le mécanisme Athena. Résultat : les experts du groupe Relex ne sont pas vraiment encore pas penchés sur le projet de décision. Et l'opération semble patiner. L'Italie qui a offert un OHQ pourrait également offrir le commandant de l'opération, ce qui pourrait faciliter la mise en place - au départ d'un petit OHQ à Bruxelles, au sein de l'Etat-Major.

La question humanitaire devient urgente cependant

La situation humanitaire n'est pas apaisée. Loin de là. A l'intérieur de la Libye, la situation dans certaines villes comme Misrata est critique (au niveau médical), d'après les informations de presse. Tandis que l'afflux de milliers de personnes déplacées qui ont fui les combats peut poser d'autres problèmes, comme entre Ajdabiya et Tobrouk. Dans les pays voisins, les déplacés continuent d'arriver : près de 16.000 au Niger, 10.000 en Algérie, 3.000 au Tchad et 3.000 au Soudan. En Tunisie, près de 10.000 personnes restent dans les camps. Le problème n'est pas seulement le rapatriement dans leur pays d'origine, possible pour certains pays (Bangladesh...) que de leur trouve un nouveau pays d'accueil car il est difficile de les renvoyer au Soudan, en Somalie ou en Erythrée.

Et la question des réfugiés également

Plusieurs centaines de réfugiés ont commencé à arriver sur les côtes de Malte et de Sicile : environ 1400 en Italie et plus de 750 à Malte sont arrivés depuis samedi, selon le UNHCR (Haut commissariat aux réfugiés), en partie somaliens et erythréens. Ce qui pose deux séries de problèmes. D'une part, le secours en mer. Les bateaux surchargés peuvent être en détresse  Et ils pourraient/devraient être secourus par les navires de l'OTAN qui se mettent en place pour surveiller l'embargo maritime ou par les gardes-côtes maltais ou italiens. D'autre part, la nationalité des premiers arrivants (Somalie, Erythrée, Soudan...) indique qu'ils peuvent avoir le droit d'asile en Europe. Il faudra aussi, un moment donné, envisager l'ouverture de la clause de protection temporaire pour prendre en charge certains réfugiés (Somaliens notamment) qui ont le droit d'asile. Ce sur lequel s'est refusé d'envisager, pour l'instant la Commission européenne.

Cela fait maintenant plus d'un mois qu'ont débutées les émeutes armées. Et les problèmes humanitaires qui ont suivi. Il parait donc inconcevable que les autorités européennes n'arrivent pas à mettre sur pied rapidement une opération humanitaire en Libye et dans les pays aux alentours, alors qu'elle dispose, théoriquement, de tous les instruments pour cela. Il y a là un vrai problème qui doit être surmonté rapidement par une impulsion politique décisive.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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