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L’Allemagne tente de justifier son attitude sur la Libye

(BRUXELLES2) Conseil des Affaires étrangères de l'UE) Le ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, a tenté aujourd'hui (21 mars) de justifier la position allemande sur l'action militaire en Libye, en marge de la réunion des Ministres des Affaires étrangères de l'UE à Bruxelles.

Premier argument. Non, "nous ne sommes pas isolés" sur la scène internationale et européenne, a-t-il plaidé à plusieurs reprises. « Nous nous sommes abstenus aux Nations-Unies (Nb : sur la résolution 1973) pas seulement avec la Russie et la Chine, mais aussi avec de grandes démocraties comme l'Inde et le Brésil ». Et au sein de l'UE, nous ne sommes pas isolés, a-t-il expliqué. La Pologne et de nombreux autres petits pays — dont il s'est refusé à citer les noms "pour ne pas les gêner"—, partagent les doutes allemands.

Deuxième argument. Oui nous avons « raison d'avoir des craintes pour les civils » et du risque de déborder du cadre fixé par la résolution 1973 de l'ONU. En 72 heures d'opération, ces doutes se sont exprimés à la Ligue Arabe, à l'ONU, à l'Union africaine, explique-t-on du coté allemand. Un diplomate de haut rang citant certains des propos de Amr Moussa et de Ban Ki Moon. Et il est dangereux de ne pas tenir compte de l'avis de la Turquie, qui a un poids économique et politique important et est un pont entre l'Europe et le monde arabe.

Troisième argument. L'action militaire devrait être coordonnée à « L'OTAN » et non dans une coalition volontaire.

Seule concession, l'action humanitaire. Oui « c'est le rôle de l'Union européenne d'assurer cela ». Ce qui semble dégager, au moins, une certaine voie de consensus parmi les 27, dont l'unité semble durement éprouvée à écouter les Allemands qui ont décidé, apparemment, de ne pas être vu comme un sleeping partner dans l'UE.

En off, les officiels allemands sont très durs sur l'attitude française qu'ils accusent d'un cavalier seul. On peut remarquer que ces critiques épargnent les Etats-Unis qui mènent cependant les opérations et les commandent à partir de leurs deux bases en Allemagne (Stuttgart pour l'opération et Ramstein pour l'aérien).

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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