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La défense belge avait bien frappé un avion et un hangar. Video à l’appui (maj)

(BRUXELLES2) La défense belge a finalement diffusé les images que nous avions pu voir - sous le sceau du secret le plus total à Araxos - lundi. Pour être sûr que nous n'allions pas enregistrer en douce, les militaires nous avaient priés de laisser toute notre "quincaillerie" électronique (GSM, ordinateurs... et bien sûr appareils photos) à la porte de la salle de briefing. Aucune indication ne pouvait non plus être retranscrite de ce que nous avions vue. Et aucune indication sur le lieu de la frappe ne nous avait été donnée. Un secret nécessaire « pour respecter les consignes de l'OTAN : pas de diffusion des images des opérations ». Les journalistes ont respecté ces consignes de sécurité (*). Mais pas le... Pentagone !

Le Pentagone vend la mèche...

Comme Bruxelles2 le révélait mardi (lire ** : La moitié des frappes sur la Libye, made in USA), le porte-parole du Pentagone a, en effet, très officiellement dévoilé une carte montrant le lieu des frappes, mentionnant un petit drapeau sur Mezdah/Mizdah. Une information dont il n'a, apparemment, pas tenu informée ses alliés. L'agence Belga a diffusé alors l'information, repris par d'autres confrères, qui ont précisé que ces frappes avaient fait des victimes civiles par ricochet (lire l'article du Figaro).

Une erreur de drapeau ? !

Le porte-parole du ministre de la Défense a confirmé que l'objectif assigné aux Belges n'était pas un dépôt de munitions mais un hangar à aviation - où étaient entreposés hélicoptères et avions -. Le drapeau belge figurant sur la carte US serait donc erroné, car il s'agirait en fait d'avions... norvégiens. Les Norvégiens n'ont pas confirmé cette information (ni démentie). Espérons que les Américains savent distinguer le drapeau des forces de Kadhafi et celui de l'opposition 🙂

Regardez la video (ou ici)

Un mig et un hangar d'aviation

Sur ces images, on peut voir un avion détruit (sans doute un Mig), garé en bord de piste, ainsi qu'un abri contenant "des avions et hélicoptères", selon la défense belge, et sans doute également des munitions. Ce qui est étonnant est le petit trou laissé par la bombe (laissant le toit quasiment intact) tandis que l'intensité du souffle est latéral, faisant exploser tout l'intérieur et, au loin, les portes du hangar. Il y a donc un effet primaire : l'impact de la bombe. Et les effets secondaires : la puissance du souffle est importante et la chaleur dégagée, tout aux alentours, est considérable. Conséquence : les dégâts collatéraux — une porte de hangar qui vole sur plusieurs dizaines (ou centaines) de mètres par exemple —, peuvent faire autant de dégâts qu'une bombe sur des habitations civiles ou des humains non protégés.

(*) Bruxelles2 a respecté cet embargo en choisissant une autre méthode. Plutôt que d'insister sur le secret et les frappes, nous avons préféré parler des méthodes. Et, surtout, nous avons cherché des informations par d'autres sources, notamment US (pour tout dire!). Information dont la défense belge ne semblait pas avoir vent.

(**) Je n'ai aucun moyen de vérifier les informations. Mais l'article me laisse dubitatif. Un hôpital situé à 5 km du dépôt militaire visé par la coalition et qui aurait reçu une "roquette Katioucha" par un "effet de ricochet"... hum. On peut aussi dire qu'une roquette Katioucha a été tirée directement sur l'hôpital pour faire croire à un effet induit du bombardement. Ca parait plus logique.

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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