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Gardes privés ou marines contre les pirates ? Les Pays-Bas et le Danemark réfléchissent

Formation des gardes privés espagnols (crédit : Ministère de la Défense espagnol)

Face à la piraterie qui menace de plus en plus les navires marchands dans l'Océan indien, les gouvernements européens semblent décidés à faire ce qu'ils ne voulaient pas il y a un an: placer à bord des navires les plus sensibles des soldats ou les autoriser à embarquer des gardes privés dûment formés, suivant en cela l'exemple donné par les Français et les Espagnols à bord de leurs navires de pêche.

Des Marines néerlandais à bord des navires marchands ?

Le gouvernement néerlandais étudie la présence de Marines à bord des navires marchands. Le ministre de la Défense, Hans Hillen, l'a confirmé récemment, notamment lors de la réunion informelle des ministres de la Défense à Budapest, le 25 février. Une négociation doit s'engager sur ce sujet avec les armateurs.

... ou des policiers allemands

La question est aussi d'actualité en Allemagne. Mais, dans ce pays,  la situation est plus délicate d'un point de vue juridique comme constitutionnel, même pour la présence de gardes privés. Sur proposition du coordonnateur maritime du gouvernement fédéral, Hans-Joachim Otto (du parti libéral FDP), les ministères des Affaires étrangères et de la Défense ont étudié la possibilité que les navires allemands embarquent des policiers fédéraux ou des Marines. Le mandat de l'opération Atalanta serait élargi dans ce but. Il en couterait cependant en année pleine environ 60 millions d'euros, selon notre (charmante) confère du Financial Times Deutschland.

Un plan à l'étude au Danemark avec des gardes privés

Le gouvernement danois est plus avancé. Il doit présenter, cette semaine, un plan global de lutte contre les pirates. Il se réunira mardi à cette fin. Et il pourrait ouvrir la voie à la présence de gardes armés à bord de navires portant le pavillon rouge et blanc. Présence interdite actuellement.  "Nous sommes ouverts à la question d'autoriser des agents armées de sociétés privées de sécurité à bord des navires, qui sont particulièrement menacés", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Lene Espersen a déclaré au journal Berlingske. Le gouvernement danois est sous pression. Plusieurs  navires appartenant à des armateurs danois ou portant le pavillon national ont été attaqués ces derniers mois. Il y a actuellement 9 otages danois aux mains des pirates (2 marins du cargo Leopard et 7 plaisanciers dont 3 adolescents). L'association des armateurs soutient la présence de soldats danois à bord. Mais jusqu'à présent, la ministre de la Défense du Royaume,  Gitte Lillelund Bech, a refusé de mettre des soldats danois. A défaut de gardes privés, professionnels, spécialement formés à cet effet.

L'expérience espagnole

L'exemple espagnol - d'utilisation de gardes privés sur les navires de pêche espagnols - est présent à l'esprit. La ministre de la Défense, Carme Chacón, était d'ailleurs, mercredi, à l'institut technologique 'La Marañosa' (près de Madrid) pour commérorer la première année de prise de formation des agents de sécurité sont formés à l'Institut Technologique 'La Marañosa. Dans ce cycle de formation, les 12 agents qui sont formés disposent des installations militaires, notamment un stand de tir au fusil de 75 mètres et une galerie de tir au fusil et mitrailleuse sur 700 mètres.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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