Civilian Headline Goals 2010, un semi-échec. Les 27 cherchent des solutions
(BRUXELLES2) Les 27 ministres des Affaires étrangères, réunis le 21 mars, vont réaffirmer « l'importance du développement des capacités civiles sous la politique de défense européenne », considérée comme une « priorité ». Une manière fort diplomatique de dire que les objectifs fixés pour 2010 n'ont pas vraiment été atteints. Et que les « lacunes persistantes », déjà mentionnées dans le rapport final des "Civilian Headline Goals 2010", n'ont toujours pas été résolues. La Haute représentante va donc être chargée de plancher pour proposer des solutions concrètes d'ici la fin 2011.
Les mauvais résultats des "Headline Goal"
Les « mauvais résultats obtenus par L'Objectif global civil pour 2010 » s'expliquent selon l'eurodéputé italien Roberto Gualtieri. Dans le rapport qu'il prépare au Parlement européen (sur la PSDC), il pointe ainsi « en particulier le contraste entre les unités de personnel mises à disposition sur le papier par les États membres et celles effectivement disponibles pour les missions (comme) les progrès limités sur le plan de la formation des ressources humaines : absence de normes communes, nombre limité de programmes de formation téléchargés sur le programme de possibilités de formation dans l'environnement logiciel Goalkeeper "Schoolmaster" ».
Un objectif trop ambitieux ?
Des raisons très pragmatiques expliquent aussi cette situation à chercher à la fois dans un objectif sans doute trop ambitieux par rapport à la volonté des Etats membres, relate Nicole Gnesotto, ancienne directrice de l'Institut d'études de sécurité de l'UE dans son dernier livre (*). Le réservoir de "5000 policiers n'est pas rempli tout simplement parce que les Etats membres ne possèdent pas les unités nécessaires, ou, quand elles existent, répugnent à les affecter à d'autres missions que les missions de police intérieure".
Une nouvelle feuille de route
Les 27 reprennent une partie de ces critiques à leur compte en dressant une feuille de route fixant cinq objectifs :
- attirer en nombre suffisant du personnel formé et qualifié ;
- développer des outils pour les missions : un logiciel goalkeeper "finalisé", davantage de mesures préparatoires et flexibles, de meilleurs mécanismes pour l'équipement des missions civiles, en incluant une "solution d'entrepôt permanent" ;
- mettre en oeuvre les activités préparatoires pour les missions civiles (comme le prévoit le Traité).
- renforcer l'évaluation de l'impact des retours d'expérience (lessons learned) ;
- renforcer la coopération avec les pays tiers et organisations internationales.
Utilisation des outils PSDC dans la protection civile
Les ministres prônent d'étudier les "nouvelles opportunités pour coordonner efficacement et exploiter le plein potentiel des capacités de la PSDC", dans le cadre du changement issu du Traité de Lisbonne, notamment avec le secteur de la Justice et la sécurité. Il estime aussi nécessaire de renforcer les capacités de l'UE à réagir à toute une série de situations de crises, y compris l'utilisation des outils de la PSDC dans les secours de catastrophes.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(*) « L'Europe a-t-elle un avenir stratégique ? », Nicole Gnesotto (Ed. Armand Colin, 220 p., 18,50 €)
Il serait judicieux qu’en cette période où la force militaire est convoquée pour « protéger des civils » … le même Conseil s’interroge aussi, et sérieusement, sur le retard capacitaire dans le domaine militaire !