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Europe de la Défense. A. Danjean dénonce l’inaction de Me Ashton face à la crise libyenne

(crédit : parlement européen / novembre 2010)

(BRUXELLES2) Le président de la sous-commission « Défense » au Parlement européen est en colère. Il n’y a pas d’autres mots. Arnaud Danjean (UMP / PPE) a beau être détendu, quand nous nous entretenons (par téléphone), entre deux séances au Parlement européen, il reste estomaqué par la faible visibilité du service diplomatique européen (SEAE), et surtout l’absence de l’Europe de la Défense dans la crise libyenne. "Ce n'est pas le rôle de l'OTAN. C'est la tâche de l'Europe. Et celle-ci peut très bien faire. Elle sait faire" une surveillance maritime ou aérienne, explique celui qui a suivi, les crises yougoslaves de 1995 à 2007, notamment durant le siège de Sarajevo et ensuite au Kosovo, sur le terrain ou à Paris. L'eurodéputé critique également la faible visibilité du service diplomatique et estime qu'en matière d'évacuation de ressortissants ou de soutien humanitaire, "la réponse devrait être davantage européenne."

Une grande absente : l'Europe de la défense

« On nous a expliqué que le Traité de Lisbonne était formidable, qu’avec un Service européen d’action extérieure, nous aurions ainsi un instrument intégré de réponse aux crises. Et aujourd’hui, alors que nous sommes face à une crise majeure, qui se déroule à nos portes, à quelques kilomètres de nos côtes, il n’y a rien. L’Europe attend.  (...) Je suis très frappé par cette absence européenne. Je ne comprends pas pourquoi l’Europe ne s’implique pas davantage dans la surveillance aérienne. »

Planifier une action serait le minimum

« Je ne dis pas automatiquement qu’il faille intervenir militairement mais au moins y réfléchir » poursuit Arnaud Danjean. « Je suis frappé par l’inaction de Catherine Ashton en la matière. Elle n’a même pas activé une quelconque planification. Or la planification ne signifie pas agir ; il sert à ne rien s’interdire, à anticiper. »

LArnaud Danjean avec le Général Abrial (ACT-OTAN) (crédit : Parlement européen, novembre 2010)’OTAN est hors jeu, c’est à l’Europe d’intervenir

« La défense européenne c’est typiquement ce type de crises qui intègre plusieurs facteurs. Ce ne peut pas être l’OTAN qui fasse ce type d’opération au Maghreb, en Libye. Elle n’a pas cette légitimité qu’a l’Europe. Pour le monde arabe, elle représente avant tout, les Etats-Unis. Il y a là un problème culturel et politique. L’Europe avec sa proximité géographique, culturelle, sa nature consensuelle serait plus fondée à intervenir. »

L’Europe sait faire

Au passage, le député détruit une fausse excuse. « L’Europe peut faire ce type d’opérations, elle sait le faire. Nous menons déjà depuis presque trois ans une opération maritime dans l’Océan indien (Atalanta). Et l’UEO l’a déjà fait il y a 20 ans, en Yougoslavie. Statutairement, aujourd’hui, l’UEO, c’est nous. Et d’ajouter : « Cette crise le prouve. L’Europe doit se doter d’une capacité autonome d’opération et de planification. Sans attendre »

Une absence de visibilité du service diplomatique

Plus généralement, le député européen reste frappé  par la « mauvaise communication » du service diplomatique. On n’a pas tiré les leçons du passé (séisme à Haiti…) souligne-t-il. « L’Europe fait des choses mais continue de ne pas le dire et le faire savoir ».

Mauvaise information du Parlement européen

« Le Parlement européen reste très peu informé. Nous avons reçu Pierre Vimont le secrétaire général du SEAE. Mais il y a déjà plus d’une semaine. Depuis plus rien. Nous apprenons les nouvelles par les journaux ou par le canal de nos Etats membres. Ce n’est pas normal ».

Mieux coordonner les évacuations de ressortissants européens et le soutien humanitaire

Arnaud Danjean estime qu’il y a deux fronts sur lequel « on attend l’Europe : les évacuations de ressortissants européens et le soutien humanitaire », que l’on peut encore développer.

Sur les évacuations de ressortissants, « on dit que l’Europe coordonne. Mais je ne vois rien. Cela s’est plutôt bien passé. Mais j’ai l’impression que chacun faisait ce qu’il voulait dans son coin : les Français, les Britanniques. Et le travail européen de suivi (NB : MIC) a surtout consisté à comptabiliser les ressortissants et mettre des croix dans les colonnes. On devrait aller au-delà, avoir un vrai mécanisme européen, coordonné, d’évacuation. C’est nécessaire. Tous les Etats membres n’ont pas la capacité de réagir ou pas de proximité géographique. La réponse devrait donc être européenne. »

Quant à l’humanitaire, « ECHO (Nb : l’Office européen d’aide humanitaire) sait faire. Mais on devrait aussi avoir une coordination plus soutenue des moyens militaires, qui peuvent apporter un soutien au niveau européen. »

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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