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Un rendez-vous au Caire : euh… en septembre ca vous va ?

« Un rendez-vous cette semaine ? Ah non impossible, voyons, voyons... Notre agenda est très chargé pour février. Et nous ne pouvons pas recevoir des personnalités étrangères. Rappelez-nous le mois prochain » Voilà en substance la réponse qui a été faite par les autorités égyptiennes (le ministère des Affaires étrangères) à leur homologue européen, Cathy Ashton, qui souhaitait se rendre au Caire, dans la foulée de la visite qu'elle mène à Tunis.. Une réponse qui cache mal un camouflet à la diplomatie européenne qui se démène tant bien que mal pour "caler" une visite pour sa chef. « C’est assez incompréhensible » commente un haut diplomate européen qui s'est confié à la presse (hier). « L'UE est le plus grand partenaire de l'Egypte. La Haute représentante a le mandat des 27. Si c’est cela, cela veut dire (un refus) pour toute l’Europe ».

Les Egyptiens montrent leur mauvaise humeur

Sont-ce les dernières déclarations de la Haute représentante qui motivent ce refus ? Ou au contraire son manque d'assurance ? Ce qui semble probable c'est que les autorités égyptiennes ne semblent guère gouter l'intrusion étrangère et ont d'autres chats à fouetter. Rabrouer (un peu) la Haute représentante entre dans cette logique. D'autant qu'ils semblent avoir peu apprécié d'être ravalé au rang d'une visite "supplétive" à celle de Tunis. Et les Egyptiens ont sans doute saisi toute la complexité européenne ; recevoir un envoyé de Bruxelles ne signifie pas automatiquement amadouer, Londres, Paris ou Berlin.

Un effacement qui inquiète.

Du coté européen, on s'inquiète de ce manque d'appétence des autorités égyptiennes. Mais on met aussi en cause le double jeu des diplomaties des Etats membres. « Quand d’autres ministres se précipitent dans d’autres capitales, on est là face à une difficulté considérable. Combien y-a-t-il de personnes au Moyen-Orient aujourd'hui ? (NB : mercredi) Est ce que la Haute représentante peut y aller le lendemain d’une visite d’un Ministre européen. » Et d'ajouter : « Tout le monde n’a pas vraiment compris la nouvelle donne que représente le Traité de Lisbonne. (...) On ne doit pas seulement parler d’une seule voix, on doit agir d’une seule voix. » Et de cerner la position difficile où est la Haute représentante.

Cette attitude et ce commentaire illustrent, à mon sens, toute la difficulté du nouveau poste de Haut représentant du Traité de Lisbonne. Difficulté structurelle : comment être à la fois diplomate en chef (donc discret), chef des ministres et commissaire indépendant (donc plutôt fort en gueule). Difficulté conjoncturelle : comment Cathy Ashton peut s'imposer par rapport à des "forts en gueule" comme Sarkozy, Frattini, Bildt... qui n'en feront toujours qu'à leur tête. J'y reviendrai...

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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